Cet article aborde les liens entre travail, retraite et maison de retraite dans la société actuelle au travers de notre expérience des EHPAD.
Le coût d’un séjour en EHPAD dans le cadre d’une fin de vie, équivaut pour bien des résidents à dépenser l’intégrale d’une retraite, les économies d’une vie, et bien souvent nécessite la revente d’un bien immobilier. Et comme ça ne suffit souvent pas, l’état complète par une aide de la sécurité sociale pour la dépendance (APA) et finance une bonne partie du fonctionnement des EHPAP, notamment le soin. Cela coûte donc extrêmement cher aux retraités et à la société tout en rapportant des bénéficient records aux entreprises gestionnaires d’EHPAD.
Sur le terrain, malheureusement, beaucoup estiment souvent que la qualité n’est pas à la hauteur des tarifs pratiqués.
Dans le même temps on constate une précarité au sein du personnel soignant des EHPAD.
– SUD ne manquera pas de revenir sur la manière dont la gestion de certaines entreprises tend à paupériser selon nous une partie du personnel –
Actuellement, la reforme des retraites prévoirait à la fois un allongement de la durée de cotisation et une baisse des pensions au fil du temps, rendant le système des retraites de moins en moins attractif et le financement d’un séjour en établissement de plus en plus difficile pour les personnes âgées de demain.
Dans ce contexte voici ce que nous souhaitons :
Entendu que
1- le séjour en EHPAD a un certain coût pour le client et pour la société puisqu’il est financé principalement par la sécurité sociale (via l’APA) et/ou les pensions de retraite.
2- les bénéfices considérables générés par les acteurs privés du marché * de la dépendance profitent très largement de l’argent des retraites et de la sécurité sociale, sans quoi le client ne pourrait pas accéder au service ; et que ses acteurs profitent de certains budgets publics de la santé (via les ARS et Conseils Généraux) qui financement une partie de leurs frais de fonctionnement.
* Pour Korian, le Chiffre d’affaires (C.A) 2012 était de 1,108 milliard d’€ et une profitabilité (EBITDAR) de 276 780 millions d’€ (soit 25% du CA).
3- du possible conflit d’intérêt de certains acteurs dès lors que des actionnaires, potentiellement influents sur les projets de réforme, profitent à la fois des bénéfices générés grâce aux retraites (dés que la valeur de l’action augmente) et des bénéfices liés à l’activité de complémentaire retraite qui profitent indirectement des frais de séjours en EHPAD et de la réforme des retraites telle qu’annoncée.
Or, si les pensions de retraite et la sécurité sociale ne permettent plus, dans le futur et le présent, à bon nombre de retraités de se payer un séjour en établissement à la hauteur de leurs attentes, alors les complémentaires retraites s’imposeront comme les grands gagnant de la réforme en devenant incontournables pour tous.
4- la fin de vie est aussi douloureuse que coûteuse pour les personnes âgées, leur proches et même la société mais les marges de profits générés par les grands acteurs de la dépendance sont très importantes.
Il n’est donc déontologiquement et moralement pas acceptable selon nous, que des entreprises aussi lucratives et qui profitent autant du système des retraites ne soient pas sujettent à plus de contreparties au profit de la société.
Ces contreparties devraient favoriser selon nous une plus grande création de richesse pour la société (et non pour le seul compte des acteurs du marché) :
– plus de créations d’emplois pour une meilleure qualité de service, pour diminuer le chômage et pour soutenir le financement de la retraite.
– plus de pouvoir d’achat pour leurs salariés en prévision de leur retraite personnel et en soutien à l’économie.
– une plus grande participation au financement des retraites. Ex: la journée de solidarité qui équivaut normalement à un jour de travail en plus offert par chaque salarié, équivaut souvent dans la pratique à un jour de salaire en moins et non à du travail en plus.
Dans les EHPAD privés lucratifs, nous estimons que cette journée devrait faire l’objet d’une journée de salaire offerte par l’employeur à la société et ce pour chaque employé au lieu d’un sacrifice du seul salarié.