Actu sociale, BTHE

Cauchemar en Ehpad : « Le Monde » n’y suffirait pas…

Parce que les pouvoirs public ne font pas leur boulot, sauf pour faire la part belle à leur amis de la finance ?

Le titre renvoie à un article de Ehpa.fr ( que nous reprenons ci-dessous ) et citant le très précieux article du journal Le Monde et nous saluons l’excellent travail de la journaliste Florence Aubenas qui a su jeter un pavé dans une marre couverte de déni et que personne jusque là n’osait regarder ; persuadé sans doute de savoir ce qu’il y aurait au fond et qui devait y rester…

Qu’y apprend t-on ? Que les personnels qui œuvrent au quotidien dans les Ehpad en soutien des personnes âgées dépendantes sont en situation de grande souffrance et de terrible frustration. Pour être juste, les observateurs aguerris n’auront pas eu besoin de cet article pour le savoir même s’il est toujours salutaire que la presse généraliste quotidienne mette l’accent sur ce véritable malaise.

Une enquête de la DREES décrit « la pression de la pendule »

Le Monde aurait d’ailleurs pu prendre connaissance d’une enquête approfondie1 – 340 salariés interrogés dans 30 Ehpad publics et privés – publiée en septembre dernier par la DREES, la direction des Etudes du Ministère des Affaires Sociales2, pour comprendre les ressorts de cette difficile question. Car si les ratios de personnel n’ont cessé de croître au cours de la dernière décennie, ils demeurent à l’évidence trop faibles. D’autant que depuis 10 ans, le profil des 600.000 résidents des Ehpad a profondément évolué. Les français y entrent de plus en plus tard – soit au-delà de 85 ans – et dans l’immense majorité des cas en raison de troubles psychiques liés à la maladie d’Alzheimer. A l’évidence, la présence en personnel n’a donc pas évolué en conséquence.

En moyenne, on compte en effet dans les Ehpad 6 agents pour 10 résidents. Mais à l’instant T, absentéisme compris, il n’est pas rare de constater des taux de présence bien inférieurs qui conduisent à faire des toilettes en quelques minutes à peine. Cette « pression de la pendule » est aujourd’hui génératrice d’une frustration sans bornes chez des salariés qui ont pourtant dans leur ADN la bienveillance et la bientraitance. Ne pas pouvoir prendre le temps de dialoguer avec la personne âgée, faire une toilette dans la précipitation, penser « au suivant » quand on aimerait tant consacrer un peu d’humanité « au présent » : voilà ce qui génère de la tristesse et du découragement chez des agents qui, malgré leurs faibles rémunérations, demeurent – et la même enquête de la Drees le démontre – extrêmement engagés dans leurs fonctions.

Ces « hussards blancs de l’accompagnement » – ou ces « invisibles de la solidarité » comme les appelle mon ami Jérôme Guedj – sont là, au premier rang, trop souvent seuls, à se battre pour que nos parents, nos grands-parents puissent finir leurs jours dans la dignité. Il devient chaque jour un peu plus insupportable de leur laisser porter seuls le fardeau d’un vieillissement que notre société peine encore à hisser au rang de priorité nationale.

Car le sujet est éminemment politique. Accuser les seuls Ehpad constituerait de ce point de vue une honteuse lâcheté collective tant ils sont, eux, en première ligne, soucieux au quotidien de faire au mieux avec les moyens qu’on leur attribue. Car, rappelons-le : si le résident paie lui-même le caractère plus ou moins luxueux de l’établissement, le financement de son infirmière ou son aide-soignante ne dépend lui que de financements publics en provenance de l’Etat ou des Départements.

EHPAD : le choix du « non-choix »

Or, disons le franchement : la France a fait le choix politique depuis 20 ans de ne pas faire de la prise en charge de la dépendance en Ehpad une priorité nationale. Non que des progrès n’aient pas eu lieu dans de nombreux domaines : architecture et taille des chambres, formation des personnels, prévention de la maltraitance, prises en charge non médicamenteuses… Les progrès ont d’ailleurs été tels que les groupes (privés) français font désormais figure de modèle partout en Europe (Allemagne, Italie, Espagne, Belgique…). Non que les aides soient pusillanimes (nous en sommes à 23,5 milliards d’euros, soit un effort légèrement supérieur à 1% du PIB). Mais ce saupoudrage budgétaire n’a jamais permis d’améliorer sensiblement les ratios de personnel en Ehpad.

Dans ce contexte, la « Une » du Monde jette une lumière crue sur le malaise profond que nous renvoie le sentiment de ne pas traiter à la hauteur de ce qu’ils méritent nos parents et grands-parents. Certains d’ailleurs s’en sont récemment émus. Dans une tribune à Libération en mai dernier, d’anciens soixante-huitards comme Alain Touraine, Bernard Kouchner, Axel Kahn, Marcel Gauchet ou Patrick Viveret, voyant peut-être leur tour venir, ont lancé un vibrant appel à « vieillir chez soi », appel destiné notamment aux familles et autres soignants qui ont tôt fait de vous envoyer en Ehpad, lieu où la liberté et l’autonomie, estiment-ils, n’existent plus vraiment.

Mais en attendant la future révolte des vieux, c’est ici et maintenant qu’il convient d’améliorer le sort de nos aînés les plus fragiles tout en soulageant – car leurs destins sont liés – les personnels mis chaque jour à dure épreuve.

Or, sur ce plan, rien ne permet d’espérer que cela ira mieux demain. Ce n’est pas faire insulte au chef de l’Etat de rappeler qu’il n’a pas consacré une ligne dans tout son programme à la question de la perte d’autonomie des personnes âgées et donc a fortiori au sort des Ehpad. Et le jour même où Le Monde publiait son article, Agnès Buzyn, la nouvelle ministre de la Santé et des Solidarités, était auditionnée par la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée nationale et confirmait que la question des Ehpad n’était pas dans sa feuille de route…

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Actu sociale, BTHE, Conditions de travail

Quelle est l’incidence du sous-effectif sur les conditions de travail, sur la santé, sur les profits ?

Quelle est la priorité fixée par le politique du groupe KORIAN :
La qualité de la prise en charge ou la qualité de ses profits?

Nos constats terrains qui s’accumulent et qui ont motivé le lancement d’un sondage national sont malheureusement sans appel et vue l’homogéniéité des mécanismes qui posent souvent problémes, la responsabilité groupe pourrait bien être en cause avant les responsabilités locales.

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Sauf des drames, dans le meilleur des cas, les salarié-es ont la possibilité d’un numéro vert pour parler à un psy, plus tard, comme pour mettre un pansement sur un cancer, le personnel aura peut-être des tiquets-réparateurs (valables auprès de psy, médecins, kinés, hostos..) mais où sont les actions contre le sous-effectif et tout son lot de glissements, ou contre le virus financier qui fait tant de dégâts parmi les professionnel et dans le soin ?

Il n’est pas admissible que des économies de masses salariales ou autres produisent de la souffrance en cascade ou des pertes en  qualité (de soin ou de conditions de travail). Souffrance généralisée à Korian La Détente, tentatives de suicide à Korian Charnay, épuisement des équipes à Korian Sainte Colombe à Korian Chaintreauville… et il n’y a pas que les faces visibles des icebergs aux faux airs de plans sociaux !

Faut-il attendre des drames avant qu’il y ait des réactions, avant que l’humanité reprennent ses droits  ?

Nous ne sommes pas prés à l’attendre, nous ne sommes pas prés à laisser la logique des profits maltraiter le soin et les soignants.
S’il faut sauver la Vie de salariés ou de résidents/patients, face à la menace grandissante de la prédation financière, nous serons là, et nous ne lésinerons pas sur les moyens (nous) !

Pour rappel, 2 mois plus tôt, en Comité d’Entreprise, Olivier notre Représentant Syndical faisait la lecture du Communiqué suivant :

Nous tenons les politiques d’entreprise ou les directions générales pour responsables des dégradations de conditions de travail et de conditions de prise en charge qui ne cessent d’être constatées.

Dégradations que nous estimons volontaires par applications de certaines directives ou par la volonté d’atteindre certains objectifs financiers dont les conséquences pèsent sur les établissements.

Trop de salariés se retrouvent face à des contradictions, mis en tensions, à la limite de la rupture voire au delà, ou inutilement sous pression. Le manque d’effectif est devenu chronique. Personnels et résidents en pâtissent. Pourtant, nous n’avons pas encore vu d’actions ni même constaté de volonté probante qui indiquerait un changement radical de cap.

Au contraire nous nous inquiétons sérieusement de modes d’organisations dégradés et de sous effectifs qui sont de moins en moins exceptionnels mais qui de plus en plus semblent devenir la norme.

L’expertise existe depuis longtemps dans les rangs des salarié-e-s mais de telles habitudes l’épuisent et la diminuent.
Tout cela nous paraît en totale contradiction avec l’excellence que prétend rechercher le groupe, contradiction que trop de collaborateurs subissent et qui nous pousse à réagir en alertant aujourd’hui les directions de l’entreprise responsables ou compétentes.

Des refus d’embauches supplémentaires ou des refus de recours à l’intérim peuvent s’assimiler à une dégradation volontaire de services.
Des indicateurs d’absentéisme assez stables existent au niveau de chaque site, comme au niveau national, au point que rien n’empêche de provisionner les remplacements nécessaire.
Ne pas le faire, revient à profiter de l’absentéisme.

La quête de profits ou d’économie doit savoir se donner des limites dés lors qu’elle se fait sur de l’humain.

Nous demandons en conséquence un changement immédiat des choix d’entreprise qui induisent des dégradations.
Les salariés sont la richesse de l’entreprise épargnons cette richesse, augmentons la, mais ne la diminuons pas et ne spéculons pas contre elle.


 

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BTHE, CHSCT, Conditions de travail, Métiers

Qualité de Vie au Travail.. vous avez dit Vie ? vous avez dit Qualité ?

Jusque là, nous n’avons vu que le Travail…

Depuis la fusion Korian Medica, la politique d’entreprise n’a eu de cesse de nous laisser perplexe par ses logiques de surenchère (réductions des coûts, augmentation des charges de travail, reprise en main des cuisines, etc..)  et des discours paradoxaux qui viennent régulièrement enjoliver ce que tant de salariés ont de plus en plus de mal à supporter.

En juin dernier, le Collectif Performance & Qualité de Vie au Travail rendait compte de leur « Causerie Korian » réalisée avec Monique Rolland, la DRH du Groupe Korian, en mars 2016. Cette « causerie » avait pour théme la Qualité de Vie au Travail, autrement connu sous l’acronyme QVT.

Mme Rolland y vantait les bienfaits et la nécessité pour une entreprise comme la notre d’avoir une QVT forte (mieux que le score de 6,2 avancé alors) et on était bien d’accord avec cette idée.

Dans la pratique, et encore plus depuis, on ne voit pas vraiment où et sur quoi ont pu porté les efforts en matière de QVT. Plusieurs épisodes évitables sont même venus gâcher plusieurs fois des conditions de vie au travail qui n’avait franchement pas besoin de ça.

Mais pour aider et contribuer aux négociations d’entreprises sur la QVT, même si nous n’y sommes pas conviés, nous apportons une liste non exhaustive d’axes d’amélioration indispensables pour pouvoir que QVT ne riment plus Quotidien Vendu du Travail.

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Les incontournables :

  • La suppression des jours de carence, qui poussent bon nombre de salariés à venir travailler malade

  • La suppression du décompte des absences pour maladie ou AT dans le calcul des primes de présentéisme, qui pousse bon nombre de salariés à venir travailler malade

  • L’augmentation des effectifs et le remplacement de toutes les absences, pour arrêter les surcharges de travail dont héritent quotidiennement les salariés présents

  • De reprendre à zéro les méthodes managériales d’un grand nombres de directions et des chefs d’équipes.

  • De redevenir un peu plus modeste dans les objectifs financiers, lesquels conduisent à beaucoup trop de pression des directions sur les leurs équipes et à faire du tort à la masse salariale.

  • L’engagement humain et émotionnel sont très forts dans nos métiers, mais dans des environnement de travail bien trop lourds et qu’il est urgent d’alléger.

  • La somme de tous ces facteurs sont loin d’être isolés ce qui conduit à beaucoup de RPS ainsi qu’à des risquent concrets pour la santé physique du personnel et pour la qualité de prise en charge.

Or, comme le disait Monique Rolland dans la causerie « quand ça dérape, ça dérape une fois mais ça suffit à faire déraper la machine. »

chez Korian, le premier capital est le capital l’humain.

« Et à la limite, je dirai, si on a un seul capital, c’est le capital humain. C’est lui qui fait la différence. » dixit Mme Rolland

Heureusement, des capitaux on en a d’autre, et ce serait bon de piocher dedans pour entourer un peu mieux l’humain…et pour ne pas toujours compter que sur nous.

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Le jour où l’humain sera considéré d’abord comme de l’humain avant d’y voir un levier de croissance, le jour où on consentira à prendre soin de l’humain et de sa vie avant de compter le profit qu’ils pourraient rapporter, alors là on pourra déjà parler de QVT et commencer à la façonner.

Selon Monique Rolland, une politique centrale ne peut avoir de répercussion et de résonance que par sa capacité à réduire les écarts entre communication institutionnelle et réalités locales.
C’est bien là notre avis aussi et pourtant, que ces écarts sont grands et nombreux…

Or, si le corporate se doit d’être crédible, cela ne se fera pas à grand coups de méthodes Coué.

Depuis 2016 l’entreprise à été le théâtre de bien des contradictions quant aux belles intentions de la qualité de vie au travail (ou même de la qualité de service) :

  • le « Dialogue Social » d’abord. « Dialogue » qui dans les faits ressemble surtout à un l’art de ne pas y toucher ou de toujours remettre à demain. Quant au « Social » soit il est débordé, soit il a disparu.. Vu comme ça, effectivement, l’association des deux mots colle avec la réalité.

  • Lorsque les signalements de représentants du personnel n’ont d’égal que le déni de chefs de service ou de leurs directions, faut-il s’étonner que les problémes ne se règlent pas ou qu’ils empirent ?

  • Lorsque des projets ou des politiques d’entreprise qui concernent 100%  des collaborateurs (comme la politique CP) sont décidées de manière unilatérale, sans associer ni le personnel ni leur représentant en amont, quelle crédibilité y a-t-il à invoquer le « Dialogue Social » ou la « Qualité de Vie au Travail » ?

  • Lorsque la direction générale à souhaité mettre en place une seule Délégation de Site (CHSCT DP) pour représenté le personnel de tous les établissements sièges et de toutes les directions de sites de France (prés de 380 sites) n’est ce pas une façon de priver tout ce personnel du recours d’enquête CHSCT ou des constats de proximité nécessaire au préalable d’alerte?

  • Lorsque la direction générale accepte au quotidien que tant de collaborateurs effectuent des surcharges de travail du fait des manques d’effectifs ou des absences non remplacées, est une marque de qualité de vie au travail ou est qu’on espère que l’engagement des collaborateur suffira à faire passer la pilule?

  • Autre contradiction enfin, les nombreux conflits, voire contentieux, qui ont fait suite à des alertes, répétés mais ignorés ou laissés sans suites, alors que les valeurs d’entreprise prônent la transparence.

Quant aux valeurs « Responsabilité » et « Initiative », les réalités du terrain nous donnent de plus en plus l’impression qu’elles déresponsabilisent et désengagent au contraire les directions des nombreux manques humains déplorés sur sites au profit d’intérêts financiers.

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