BTHE, Métiers, salaire

La précarité de certains personnels d’EHPAD

salaire précaire ehpad

Pour plusieurs métiers, le minimum conventionnel ne dépasse guère le SMIC. (coefficient 208 et 211 qui concernent les métiers de serveur, serveuse, plongeur, auxiliaire de vie, lingère, animatrice ou animateur, hôte hôtesse ou agent de secrétariat d’accueil ou de standard, et ASH).

 

 

 

Actu sociale, BTHE, Champ de mars, Conditions de travail

Une gréve éclate à Korian Champ de Mars

Alors qu’une nouvelle grève est en court à Korian Champ de Mars, avec le soutien de SUD et de la CGT, il nous semble important d’en expliquer les raisons aux résidents et aux familles de cet établissement.

Fil d’actualité à suivre ici : https://twitter.com/grev_eur_euses

Le ras-le-bol d’une grande partie du personnel a pris le dessus et ce qui ne devait être qu’un débrayage d’une heure devant le bureau de la direction a finalement tourné en appel à la grève massive et reconductible dés 8h00 ce matin.

La prise en charge des résidents est pour vous tous une priorité légitime. C’est aussi la priorité de salariés et c’est pourquoi cela devient une souffrance pour le personnel chaque fois que les conditions de travail ne leur permettent pas d’apporter le service qu’il faudrait à un résident, faute de temps, de moyen, de collègue, etc.

Râler, réclamer, ou se mettre en grève, c’est un moyen de ne pas céder à la fatalité, de ne pas risquer de devenir maltraitant à cause de résignation.

Nous avons depuis longtemps sur ce blog souligné et commenté des problèmes. Nous avons insisté sur l’importance de la dépendance dans l’établissement, sur l’importance des charges de travail et sur l’insuffisance des effectifs au regard de tout ça.
Non seulement les moyens humains n’ont pas augmenté mais les charges de travail oui. Les glissements de tâches, la fatigue et l’épuisement, deviennent ainsi un peu trop routinier à notre goûts mais sans que la prise en charge ne puisse atteindre pour autant la qualité que l’on voudrait.
En cause notamment, de plus en plus de pathologies lourdes (une dizaine de résidents équipés de sondes sur un total de 103 résidents), des résidents désorientés au point qu’ils auraient besoin d’un salarié chacun à eux seuls, etc.

L’ARS semble avoir partagé notre constat quant au manque de moyens humains puisque 6 postes supplémentaires à temps plein ont ainsi été concédés à l’occasion du renouvellement de la convention tripartite de l’établissement. (1 poste d’infirmier et 5 postes d’aides soignants). Cela en dit long sur les conditions de travail et sur les conditions de séjour ou la qualité de soin qui peuvent en découler. D’autant que ces postes supplémentaires, ne sont pas encore pourvus à ce jour.

Le secteur des EHPAD est un des rares en France où des salariés en grève demandent d’abord plus de collègues avant de demander plus de salaire.

Bien sûr le salaire est un soucis dés lors que l’on connait la précarité d’un grand nombre de soignants et les faibles salaires pratiqués. Des salaires pour nous d’autant plus choquant au regard de ce que paye chaque client.

Dans cet établissement, c’est trop souvent que les absences des unes sont comblées par une augmentation du travail des autres, sans aucun supplément de salaire. Ce sont souvent aux mêmes que l’effort est demandé et donc un cycle d’épuisement s’installe. Des absences pour maladie peuvent même être motifs à suppression de prime.

L’augmentation de la dépendance + l’augmentation de la charge de travail non compensée entraine une augmentation des risques psychosociaux, des risques de dysfonctionnements et des dégradation des conditions de travail. C’est un ensemble dangereux pour les salariés comme pour les résidents à charge.

Voilà pourquoi nous soutenons cette grève aujourd’hui et nous la soutiendrons tant que la direction n’aura pas accepter ce qui au 21ème siècle tient selon nous d’une nécessité évidente.

Il est certes dommage d’en être arrivé là mais c’est le risque à force de tirer sur la corde. Aussi, nous regrettons que la direction de l’entreprise n’ait pas résolu d’elle même ces problèmes avant, raison pour laquelle nous l’estimons responsable de la situation.

Cliquez ici pour consulter l’ensemble des revendications

Actu sociale, Conditions de travail

Un pacte irresponsable | la Fondation Copernic revient sur le « relevé de conclusions » signé par 3 syndicats et le Medef

Un article de la Fondation Copernic : http://www.fondation-copernic.org

Par Pierre Khalfa, coprésident de la Fondation Copernic

Trois organisations syndicales (la CFDT, la CFTC et la CGC) ont donc signé avec le Medef « un relevé de conclusions » sur la mise en œuvre du pacte de responsabilité qui vise à baisser le coût du travail en supprimant les cotisations familiales versées par les employeurs. Selon un scénario maintenant bien rôdé, la CFDT a d’abord monté le ton, jugeant la proposition initiale du Medef inacceptable, pour finalement parapher un texte quasiment identique. En comparer les deux versions est d’ailleurs éclairant. Si le texte final prévoit effectivement que « des objectifs quantitatifs et qualitatifs en terme d’emplois » soient discutés dans les branches professionnelles, ces discussions pourront être conclues par un « relevé de conclusions » n’impliquant aucune contrainte juridique. Surtout, le Medef a obtenu l’essentiel, à savoir que les baisses de cotisations sociales seront acquises quelle que soit la situation dans l’avenir. Enfin, cerise sur le gâteau, le texte prévoit que des discussions seront ouvertes afin « de franchir une nouvelle étape dans l’amélioration du marché du travail », formule indiquant, dans la novlangue patronale, l’exigence d’un nouvel accroissement de la flexibilité et de la précarité du travail. Il est enfin prévu d’engager une concertation sur le financement de la protection sociale. Après la suppression des cotisations familiales employeurs, quelle sera la prochaine étape ?

Au-delà de cette parodie de négociation, il faut revenir sur la stratégie économique qui est mise en œuvre : le coût du travail trop élevé pénaliserait la compétitivité des entreprises et les dissuaderaient d’embaucher. La baisse du coût du travail devient donc, dans ce cadre, le passage obligé de la politique économique. C’est l’objectif de la suppression des cotisations familiales employeurs. Remarquons d’abord que cette suppression se traduira par une baisse minime des coûts de production [1], de l’ordre de 1,2 %. En supposant même que cette baisse des coûts soit entièrement transférée sur les prix, comment croire que cela pourra réellement améliorer la compétitivité des entreprises ? Qui peut penser qu’une baisse de prix de cet ordre permettra aux entreprises de gagner des parts de marché ?

Mais surtout, la volonté de baisser le coût du travail repose sur une erreur de diagnostic. L’économie française ne souffre pas d’un problème de compétitivité-prix, mais d’un problème de compétitivité hors-prix [2] : manque criant d’innovation, inadéquation à la demande, niveau de gamme insuffisant de l’industrie, tissu industriel désarticulé dominé par de grands groupes pressurant leurs sous-traitants et difficulté des PME à avoir accès au crédit bancaire. On ne voit pas comment une baisse du coût du travail pourrait être la réponse adéquate à ces problèmes.

Il faut y ajouter la « préférence française » pour les dividendes. La baisse des cotisations sociales a eu comme principale contrepartie l’augmentation de la part des dividendes nets versés dans la valeur ajoutée [3]. Les seules entreprises du CAC 40 ont versé 43 milliards d’euros à leurs actionnaires en 2013, en dividendes et en rachat d’actions, montant en hausse de 4 % par rapport à 2012 et les revenus distribués par les sociétés non financières sont à leur niveau le plus haut depuis la seconde guerre mondiale. Dans le même temps, l’investissement des entreprises a stagné. Ce coût du capital n’est évidemment jamais pris en compte quand le patronat évoque la compétitivité des entreprises.

Cette baisse de cotisations sociales permettra-t-elle de créer des emplois supplémentaires ? Le bilan des exonérations passées [4] laisse sceptique. Il diffère suivant les hypothèses retenues, les méthodes employées… et le parti-pris idéologique des auteurs. Voici ce qu’en disait la Cour des comptes en 2009 : « La Cour avait relevé que les nombreux dispositifs d’allègements des charges sociales étaient insuffisamment évalués en dépit de la charge financière croissante qu’ils représentaient pour les finances publiques (27,8 milliards d’euros en 2007, soit 1,5 % du PIB). S’agissant des allègements généraux sur les bas salaires, leur efficacité sur l’emploi était trop incertaine pour ne pas amener à reconsidérer leur ampleur, voire leur pérennité. » Si l’on prend comme hypothèse un chiffre de 300 000 emplois créés avec le dispositif Fillon de 2003, chiffre déjà très élevé, le coût annuel de chacun de ces emplois pour les finances publiques s’élève à près de 75 000 euros [5]. Il s’agit d’un coût exorbitant, alors même que les emplois créés sont des emplois à bas salaire et à faible qualification. Les subventions au patronat atteignent là des sommets.

Mais surtout, comme le faisait remarquer à juste titre le président de la CGPME, pour créer des emplois « encore faut-il que les carnets de commande se remplissent ». Car ce qui incite les employeurs à embaucher, c’est d’avoir une demande assurée pour leurs produits. Et c’est là que la baisse massive des dépenses publiques prévue pour financer ce pacte aura un effet délétère. Alors que l’investissement des entreprises est au plus bas et que les revenus des ménages stagnent ou régressent, ces mesures auront un effet récessif qui aggravera davantage la situation économique, rendant par ailleurs encore plus difficile la réduction des déficits publics. Non seulement ce pacte ne créera pas d’emplois, mais il risque d’en détruire.

Pire, tous les pays européens sont aujourd’hui en train de mettre en œuvre des orientations similaires. Il s’agit en théorie de favoriser les exportations. Mais cette logique est prise dans des contradictions dont elle ne peut sortir. En effet, l’essentiel des relations commerciales des pays de l’Union européenne a lieu à l’intérieur de l’Union. Les clients des uns sont les fournisseurs des autres et les déficits des uns font les excédents commerciaux des autres. Vouloir, dans cette situation, que tous les pays copient le modèle allemand et se transforment en exportateurs est impossible. La contraction de la demande interne dans tous les pays, produite par la réduction des coûts salariaux et les coupes dans les dépenses publiques, pèse sur le commerce extérieur de tous. Où exporter lorsque tous les pays réduisent leur demande ? La baisse de la demande interne dans la zone euro est en train d’ouvrir la porte à la déflation.

Les exportations hors zone euro permettront-elles de se substituer à une demande interne défaillante et relancer ainsi l’activité économique et l’emploi ? On peut en douter. Outre que, au vu de ses caractéristiques, l’industrie française est particulièrement sensible aux évolutions du taux de change de l’euro, la demande dans les pays émergents tend à stagner et n’est de toute façon pas assez forte pour entraîner par elle-même une croissance dynamique en Europe. Au-delà même de savoir si l’objectif de toujours plus de croissance est souhaitable alors que nous connaissons une crise écologique majeure, une telle stratégie s’avère totalement illusoire.

Économiquement absurde, ce pacte sera socialement destructeur. Avec les coupes massives dans les dépenses publiques prévues pour le financer, le démantèlement des services publics et de la protection sociale va se poursuivre. Le financement des collectivités locales, qui jouent un rôle prépondérant en matière d’investissements publics et d’aides sociales, en sera impacté. Ces coupes aggraveront ainsi le délitement des liens sociaux et la paupérisation en cours. La course à la compétitivité est une course sans fin où il n’y a pas de gagnants et où les seules perdantes sont les populations.

Pierre Khalfa


[1] Voir le calcul fait par Christian Chavagneux d’Alternatives économiques.

[2] Voir Attac/Fondation Copernic, En finir avec la compétitivité, Éditions Syllepse.

[3] Voir Michel Husson, Les cotisations sont une « charge », mais pas les dividendes ?, Note Hussonet n°72, 3 mars 2014

[4] Antoine Math, « Le financement de la politique familiale : faut-il supprimer les cotisations sociales de la branche famille ? », Revue de droit sanitaire et social, n°6, novembre-décembre 2013

[5] Ibid.

BTHE, Conditions de travail

Inégalités Femmes Hommes : L’analyse sexuée des chiffres-clés de la sinistralité au travail révèle d’importantes inégalités femmes-hommes

Pour la journée internationale de la Femme, nous avons voulu relayer une analyse de l’ANACT ( Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail) lien vers l’article de l’ANACT Cette analyse fait ressortir que les secteurs des services de la santé et des services de l’action sociale sont particulièrement touchés par les inégalités soulignées. Et pour pousser encore plus loin l’analyse nous encourageons à une réflexion sur le lien qu’il peut y avoir entre ces inégalités et la précarité, très présentes dans les secteurs couverts par les syndicats Santé Sociaux.

L’Anact a réalisé une analyse sexuée des chiffres de la sinistralité au travail qui met en lumière des inégalités entre les femmes et les hommes en matière de santé au travail. Constats, analyse et préconisations.

L’analyse sexuée et longitudinale des données sur la sinistralité publiées par la Cnamts permet plusieurs constats :
Si les accidents du travail baissent globalement entre 2001 et 2012, ils progressent nettement pour les femmes.
Depuis 2001, les accidents de trajet sont en baisse pour les hommes mais en progression pour les femmes.
Les maladies professionnelles progressent près de deux fois plus rapidement pour les femmes que pour les hommes.

L’évolution de la sinistralité au travail pour les femmes et les hommes depuis 2001

Entre 2001 et 2012, les accidents du travail ont augmenté pour les femmes (+20,3%), ainsi que les accidents de trajet (+15%) tandis qu’ils ont baissé pour les hommes : accidents de travail (-23,3%), et accidents de trajet (-9%). Les maladies professionnelles reconnues ont fortement augmenté pour les femmes (+169,8%). Pour les hommes, on constate également une augmentation des maladies professionnelles, sur la même période, moins forte que pour les femmes (+91,2%).

Sinistralité au travail : focus genré en 2012

L’analyse statistique révèle qu’en 2012, les accidents du travail concernent nettement plus les hommes (67,5%) que les femmes (32,5%), les accidents de trajet concernent un peu plus les femmes (52,3%) que les hommes (47,7%), et les maladies professionnelles reconnues concernent quasiment autant les hommes (51,1%) que les femmes (48,9%).

Les branches d’activités les plus accidentogènes en 2012

En 2012, le BTP et les industries transports, eau, gaz, électricité comptabilisent le plus d’accidents du travail pour les hommes. Les services de santé, nettoyage et travail temporaire et les services, commerces et industries de l’alimentation enregistrent le plus d’accidents de travail pour les femmes.

En 2012, les deux branches d’activité qui enregistrent le plus d’accidents de trajet concernant des femmes sont les services, santé, nettoyage et travail temporaire et les secteurs de la banque, assurances et administrations. Pour les hommes, ce sont les secteurs des services, commerces et industries de l’alimentation et ceux de la santé, action sociale, nettoyage et travail temporaire qui comptent le plus d’accidents de trajet.

En 2012, les branches d’activité qui totalisent le plus de maladies professionnelles pour les femmes sont les services, commerces, et industries de l’alimentation ainsi que les services, santé, nettoyage et travail temporaire. Pour les hommes, ce sont le BTP et la métallurgie.

Un appel à chausser les « lunettes du genre »

Cette étude au regard du genre, par risque et par secteur permet d’avancer que les différences constatées en termes de sinistralité des femmes et des hommes renvoient pour une grande partie à une exposition différenciée liée à des métiers distincts.

Les politiques de santé et sécurité au travail pourraient mobiliser ce regard « genré » pour progresser dans la prévention de la sinistralité pour toutes et tous au travers de pistes d’action préconisées dans la « Photographie »
statistique des accidents de travail, des accidents de trajet et des maladies professionnelles en France selon le sexe entre 2001 et 2012″ réalisée par l’Anact et disponible ci-dessous.

L’étude complète et son infographie

Retrouvez dans le document « Photographie statistique des accidents de travail, des accidents de trajet et des maladies professionnelles en France selon le sexe entre 2001 et 2012 » l’intégralité de l’analyse réalisée par l’Anact accompagnée de préconisations.