Actu sociale, BTHE, Conditions de travail, Métiers

Faire grève pour retrouver le côté humain de son métier.

Retour sur le mouvement de gréve et d’action de cette journée du 8 novembre 2016.

“L’hôpital est au bord de l’explosion (…) on a eu des dizaines de cas de suicides sur une années” alerte Jean Vignes, le secrétaire général de SUD Santé Sociaux (à euronews). “Aujourd’hui, nous allons de plans de retour à l‘équilibre en cure d’austérité, on a plus les moyens de fonctionner, donc on se bat pour la qualité des soins, pour la qualité de vie au travail.

Le ministère de son côté, n’est plus à 30% prés, et annonce une fourchette de 8 à 12% de grévistes, faisant la preuve qu’il est bien plus à l’aise et précis avec les chiffres des restrictions budgétaires qu’avec ceux du social et de l’humain…

C’est comme ça. Mais passons et citons ce témoignage d’une IDE qui a fait grève pour retrouver le côté humain de son métier, ( source NouvelObs ) :

Je ne veux plus être un pion

Le 8 novembre 2016, je serai à Paris avec mes collègues de la France entière car je ne veux plus rentrer chez moi après une journée de travail en me posant toutes ses questions et en pleurant.

Je veux retrouver le côté humain de mon métier. Je ne veux plus être un pion que l’on déplace au gré des besoins.

Je ne veux plus entendre parler de rentabilité et de tarification à l’acte. Je suis infirmière et je soigne des êtres humains, pas des machines. Je ne travaille pas dans une usine. Je m’occupe de personnes en fin de vie et je veux avoir le temps de leur tenir la main. Voudriez-vous que votre mère, votre père ou votre enfant meure seul à l’hôpital sans un professionnel formé à cet accompagnement à côté de vous ?

Depuis plusieurs années, et à mesure que la santé est marchandisée, Patients, Résidents, Personnel (soignants ou non), Aidants, tous trinquent et deviennent toujours un peu plus des variables de profits,

Mais pourquoi les pouvoirs publics laissent-ils faire et pourquoi que les dirigeants s’obstinent dans cette direction ?
La qualité de nos vies et celles de nos patients/résidents vaudraient-elles moins que la qualité des économies et des profits?

 personnelendanger

C’est ainsi que le 8 novembre des gréves et des manifestations ont eu lieu sur l’ensemble du pays.  Une journée d’action pour résister à de nouvelles attaques contre la santé et pour résister à l’austérité galopante qui s’abat toujours un peu plus sur le personnel et sur la qualité du service.

SUD et Solidaires ont maintes fois constaté que :

Depuis que la Santé est cotée en bourse le service public se meurt.

Depuis que la Santé est cotée en bourse les métiers du sanitaire et du medico-social perdent souvent de leur sens et la souffrance des salariés augmentent.

Depuis que la Santé est cotée en bourse, les turn-over et les arrêts n’ont jamais été aussi importants.

Depuis que la fin de vie est cotée en bourse, nos aînés mangent moins bien, leurs douches sont plus courtes, plus rares, et en plus ils payent plus chers.

Depuis que la fin de vie est cotée en bourse, l’or gris a mis les soignants en sueur et en stress, prenant les soignés en otage.

Depuis que la fin de vie est cotée en bourse, les primes d’objectifs causent des déprimes aux cadres qui courent après et aux équipes qui payent le prix.

Pour les pouvoirs publics, et l’ensemble des dirigeants du secteur de la santé, n’est-il pas temps d’arrêter la casse du service public et de favoriser enfin un accès à du Soin digne de ce nom ? 

Actu sociale, BTHE, Conditions de travail

La Femme en EHPAD

Dépendance / pénibilité, coûts / salaires, lucratif / humanité : Des résidentes aux soignantes, quelle est la réponse sociétale proposée à la Femme en EHPAD ?

Pour les résidentes, le privilège de vivre plus longtemps que les hommes s’accompagnent souvent de dépenses plus importantes car plus longues pour financer une fin de vie en établissement. Avant d’entrer en établissement la femme a déjà bien souvent supporté plusieurs années, en tout ou en partie, la dépendance et la fin de vie d’un mari, ce qui souvent précipite pour elle sa propre diminution et l’entrée en institution.

Pour le personnel, ont y trouve des salaires inférieurs à d’autres secteurs, une précarisation et une pénibilité plus importante, et une plus grande exposition aux risques professionnelles.

Ultra majoritaire du côté du personnel comme du côté des résidents, EHPAD et Femmes méritent de faire meilleur ménage.

 

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Fiche métier infirmier-e IDE et référent-e IDER en EHPAD

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A lire aussi : la fiche métier de l’IDEC, la fiche métier de l’AS en EHPAD.

Suivant la classification des emplois de la convention collective du 18 avril 2002, au 1er avril 2014, le métier d’IDE se rattache à la filière Soin, Position 2, niveau 2 – Technicien-ne-s spécialisé-e-s – coefficient 284, soit un salaire minimum conventionnel (SMC) brut mensuel de 1982,32€ +1%(par année d’ancienneté). Le métier d’IDER se rattache à la filière Soin, Position 2, niveau 4 – Agent de Maîtrise – coefficient 324, soit un salaire minimum conventionnel (SMC) brut mensuel de 2261,52€ +1%(par année d’ancienneté).
Ces salaires peuvent augmenter selon des accords d’entreprise ou d’établissement et à chaque augmentation de la valeur du point (6.98 au 1er avril 2014)

En établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), l’infirmière s’occupe du maintien, de l’amélioration de l’état de santé et de l’autonomie des patients en leur prodiguant des soins. Elle doit adapter la prise en charge en fonction des particularités de chacun d’entre eux.

La spécificité des services de gériatrie est qu’ils sont des lieux de vie pour des personnes âgées dépendantes, ce qui implique un rôle relationnel majeur envers les résidants et leurs familles ou proches, dans le cadre du projet de vie institutionnel. L’infirmière doit élaborer et mettre en oeuvre les projets de vie individuels des résidants : l’objectif premier est une bonne prise en considération du résident pour préserver la continuité de la vie et l’autonomie de la personne

Le développement des pathologies de type Alzheimer renforce les besoins de compétences spécifiques par rapport aux objectifs d’accompagnement des projets de vie, de maintien / stimulation des capacités cognitives, de socialisation.

Les détails ci-dessous correspondent aux attentes les plus couronnement formulées par les employeurs. Dans la pratique, IDE et IDER devront souvent aussi faire face comme ils peuvent à des dysfonctionnements et répondre à des responsabilités, ou de l’autorité, déléguées par leurs supérieurs (et souvent délégués pour s’en couvrir).
La plus grosse difficulté du métier consistant à des positions en porte à faux et au risque d’être bouc-émissaire en cas de problème. Évitant les pressions d’en haut et restant juste et compréhensif envers les équipes.   

Le métier d’infirmier-e en EHPAD consiste d’abord à :
- Prendre en charge un grand nombre de résidants
- Détecter l’urgence et d’y faire face en prenant les initiatives qui s’imposent.
- Assurer l’encadrement d’une importante équipe d’aides-soignant(e)s
- Encadrer les stagiaires (IDE, AS, BEP)

Activités principales :
- Recueil des données cliniques, des besoins et des attentes de la personne et de son entourage
- Établissement du projet de soins et de la planification des activités infirmières pour le patient
- Réalisation, contrôle des soins infirmiers et accompagnement de la personne et de son entourage
- Surveillance de l’évolution de l’état de santé des patients
- Assistance technique lors de soins réalisés par le médecin
- Information et éducation de la personne et de son entourage
- Rédaction et mise à jour du dossier du patient
- Accueil et encadrement pédagogique des stagiaires et des personnels placés sous sa responsabilité
- Coordination et organisation des activités et des soins concernant un patient ou un groupe de patients pendant l’hospitalisation et lors de sa sortie
- Réalisation d’études et de travaux de recherche et veille professionnelle
- Gestion et contrôle des produits, des matériels et des dispositifs médicaux
- Mise en oeuvre des procédures d’élimination des déchets

Savoir-faire requis :
- Etre capable d’anticipation (prévoir les activités des autres personnels soignants, prévoir les périodes sans médecin)
- Évaluer l’état de santé et le degré d’autonomie de la personne
- Effectuer et formaliser le diagnostic infirmier et décider de la réalisation des soins relevant de son initiative
- Réaliser les soins infirmiers et les activités thérapeutiques adaptés aux situations en respectant les protocoles d’hygiène et les règles de bonnes pratiques
- Identifier les situations d’urgence ou de crise et y faire face par des actions adaptées
- Créer une relation de confiance avec le patient et son entourage
- Planifier et organiser son temps et celui de ses collaborateurs dans le cadre du travail d’équipe
- Évaluer la qualité des pratiques et les résultats des soins infirmiers
- Élaborer et utiliser des protocoles de soins concernant le rôle infirmier
- Travailler en équipe interprofessionnelle
- Analyser, synthétiser des informations permettant la prise en charge de la personne soignée et la continuité des soins
- Conduire des entretiens de soutien d’aide
- Éduquer, conseiller le patient et l’entourage en vue d’une démarche d’autonomisation

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Fiche de poste de l’Infirmier-e Référent en EHPAD :
- Rôle de coordination des missions et tâches des professionnels de l’établissement,
- Gestion du planning du personnel (élaboration, suivis, remplacements, évaluations),
- Rôle d’évaluation de la qualité des prestations de l’équipe (obligation de prise de recul par rapport à sa fonction : faire ressortir les points positifs et négatifs),
- Formation et information relatives aux procédures de sécurité (fugue, chute, contention, etc.)
- Animation des professionnels de l’établissement,
- Information / Formations des professionnels de l’établissement.
- Evaluation de la dépendance, en lien direct avec le médecin coordonnateur de l’établissement et les Aides-soignantes,
- Interventions d’actes infirmiers dans un but préventif ou curatif,
- Contrôle du suivi et de la mise en application des règles d’hygiène, de prévention et de diététique,
- Responsabilités liées aux suivis et à la gestion des produits paramédicaux, médicaux, matériels,
- Rôle d’analyse de situations au quotidien (identification des problèmes et évaluation des besoins : Diagnostic IDE et démarche de soins),
- Maintien et suivi de la qualité des soins, au travers de recherches statistiques internes,
- Rôle d’animation d’équipe (réponses aux besoins et/ou problèmes de la personne par rapport aux familles, personnes âgées et environnement – encadrement des stagiaires), et organisation de réunions à thème : grippe, canicule, hygiène des mains, troubles du comportement, etc.
- Rôle éducatif auprès de l’équipe (comportements et attitudes à avoir face à des situations…), de la personne âgée, familles et intervenants extérieurs),
- Rôle créatif par rapport aux outils de travail (Projet et Dossier de soins, Dossier médical, grilles d’évaluations, protocoles…),

Compétences attendues :
- Vérifier la réception et mise en application des informations transmises,
- Concevoir, formaliser et adapter des procédures/protocoles/modes opératoires/consignes
- Etablir une organisation du travail et en assurer le suivi,
- Créer et renseigner une grille d’évaluation,
- Concevoir, piloter et évaluer un projet
- Faire les transmissions équipe et direction,
- Etablir les plannings du personnel
- Travailler en réseau

L’infirmier(e)-référent(e) en EHPAD, dit aussi IDER, doit organiser et contrôler les prestations de soins, encadrer, former, évaluer les soignants, organiser leur travail, gérer les conflits, accueillir les résidents, communiquer avec les familles, contribuer à l’élaboration des projets d’accompagnement des résidents,… le tout dans le respect du projet d’établissement et en collaboration avec le directeur, le médecin-coordonnateur et l’équipe pluridisciplinaire.

Exemples de formations universitaires :
- Un diplôme universitaire (DU) pour les infirmiers référents exerçant en Ehpad.
- DU « soins encadrement et pilotage de l’organisation des soins-option gérontologie » de l’école supérieure Montsouris à Paris.

L’infirmière en EHPAD doit faire respecter la Charte des droits et libertés de la personne âgée dépendante

Actu sociale, CHSCT, Conditions de travail

Quelques lectures nouvelles sur des sujets très actuels

Contre le déni, la lecture.

Voici 3 ouvrages récents qui concerneront ou parlerons surement à beaucoup de nos lecteurs :

_ Infirmière – Vocation engagement et parcours de vie

_ Le silence des cadres
_ Le dictionnaire des risques psychosociaux

Infirmière Vocation, engagement et parcours de vie – Diane-Gabrielle Tremblay

 De tout temps, les infirmières ont porté le système de santé à bout de bras. Contraintes aujourd’hui à une charge de travail démesurée ainsi qu’à des horaires impossibles, elles s’usent prématurément et finissent par quitter la profession, et ce malgré leur profond sentiment d’appartenance.

Que penser d’un milieu de travail qui pousse ses salariées à le fuir, tout en déplorant du même souffle une pénurie de main-d’oeuvre ? N’y aurait-il pas des ressources et des mesures à mettre en place pour corriger le tir ?

Diane-Gabrielle Tremblay plonge au coeur de la problématique et analyse l’organisation du travail des infirmières, ainsi que la question du vieillissement de la main-d’oeuvre. Cet ouvrage est l’un des rares qui tentent de faire le point sur le métier féminin par excellence à travers sa tumultueuse histoire, mais surtout à partir de l’expérience concrète et contemporaine d’une trentaine de femmes.

Leur parcours professionnel est ici scruté à la loupe, avec ses défis, ses écueils, ses réussites, de l’appel de la vocation jusqu’au départ à la retraite, en passant par la professionnalisation et les enjeux de conciliation travail-famille.

Diane-Gabrielle Tremblay est professeure en économie du travail et en gestion des ressources humaines à la TÉLUQ. Également titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les enjeux socio-organisationnels de l’économie du savoir et directrice de l’ARUC-GATS, elle a fait paraître Conciliation emploifamille et temps sociaux (PUQ, rééd. 2013), ainsi que Les avocates, les avocats et la conciliation travail-famille (Remue-ménage, 2013)

Le silence des cadres : Denis Monneuse

Cela fait dix ans que j’observe le monde du travail et rencontre de nombreux salariés en tant que sociologue. J’ai voulu dresser le bilan à partir de la question suivante : qu’est-ce que qui m’a le plus frappé ?
Réponse : le silence des cadres. La norme est qu’un cadre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ! D’où l’idée d’enquêter sur le « malaise des cadres », serpent de mer médiatique aussi vieux que la notion de cadre.
Ce « malaise » est-il un mythe ou une réalité ? Sur quoi repose-t-il ? De quelle liberté d’expression disposent les cadres ? Quels sont les alternatives au silence ? Quelles sont leurs frustrations et leurs aspirations ? Sont-ils encore loyaux ? Leur santé est-elle en danger ? Quel est l’avenir de cette catégorie sociale, un siècle après sa création ? Voilà quelques-unes des questions abordées dans l’ouvrage.
Saviez-vous qu’un cadre fait en moyenne 0.8 seconde de grève par an ? Que leur nombre a plus que doublé depuis les années 1980 ? Que les cadres sont plus syndiqués que la moyenne ? Que l’écart salarial entre les ouvriers et eux n’est plus que de 1 à 2.7 (contre 1 à 4 dans les années 1960) ?
Qu’ils sont de plus en plus nombreux à être en arrêt maladie ? Qu’ils ont plus de problèmes d’alcoolisme que les employés? Qu’ils se plaignent du « management Excel » ? Qu’il y a désormais des « vrais » cadres et des « faux » cadres ?
L’analyse, qui s’appuie sur plus d’une centaine de témoignages, se veut surtout constructive. Le dernier chapitre rassemble ainsi un ensemble de propositions concrètes.
Reste à savoir si tous ceux qui jurent, la main sur le coeur, vouloir agir pour la santé au travail et mettre l’humain au centre de l’entreprise… seront prêts à passer du discours aux actes !

Denis Monneuse est sociologue, directeur du cabinet de conseil « Poil à Gratter » (www.poil-agratter.com). Chercheur associé à l’IAE de Paris, il est spécialiste des questions de santé au travail. Il est notamment l’auteur des ouvrages L’absentéisme au travail (Afnor, 2009) et Le Surprésentéisme (De Boeck, 2013)


Le dictionnaire des Risques Psychosociaux – Philippe Zawieja, Franck Guarnieri

Stress, suicide, harcèlement, épuisement professionnel, workaholism… Au-delà de la souffrance qu’elles désignent, ces notions souvent récentes constituent une approche inédite, et demandent à mieux être comprises, dans leur ensemble et isolément. C’est tout l’enjeu de ce dictionnaire, pionnier en son genre. Le lecteur y trouvera représentés, avec les 314 entrées (rédigées par 251 contributeurs) qui le composent, tous les champs disciplinaires s’intéressant à la souffrance au travail :
psychologie du travail et des organisations, psychologie sociale et psychosociologie, psychanalyse, psychopathologie et psychiatrie, ergonomie, sociologie du travail et des organisations, médecine du travail, droit du travail et de la sécurité sociale, sciences de gestion, philosophie… Y sont détaillés les principaux concepts, notions, approches, méthodes, théories, outils, études, etc., ayant cours dans l’étude des risques psychosociaux, mais aussi certaines professions emblématiques (infirmières, travailleurs sociaux,  agriculteurs, vétérinaires, éboueurs, policiers, entrepreneurs de travau forestiers, employés des centres d’appel, etc.).

Ce vaste travail a été dirigé par Philippe Zawieja, chercheur associé au Centre de recherche sur les les risques et les crises (MINES ParisTech) et animateur de la cellule Recherche du groupe de santé européen ORPEA, et Franck Guarnieri, directeur du Centre de recherche sur les risques et les crises (MINES ParisTech) et directeur de la rédaction de la revue Cultures de sécurité. Ils ont également dirigé l’ouvrage Épuisement professionnel. Approches innovantes et pluridisciplinaires chez Armand Colin (2013)