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Psychologues, Ergothérapeutes, Psychomotriciens : Travail et sens du travail en EHPAD

Nous avons reçu beaucoup de questions, questionnements et témoignages de ces professionnels d’EHPAD.
Nous ne pouvons sur ce blog publier tel quel les messages ou analyses de situations reçus mais nous recherchons chaque fois à distinguer ce qui relève du cas particulier d’un salarié, d’un établissement, d’une entreprise ou encore de l’intérêt collectif des professions concernées afin d’y répondre au mieux.

Cet espace offre à chaque salarié concerné un espace de ressources et d’expression, l’occasion de participer à une réflexion professionnelle et sociale sur le sens des métiers et sur les conditions du travail, et la possibilité de solliciter une aide ou du conseil spécifique auprès du syndicat.

Des professionnels de plusieurs établissements korian medica nous ont par exemple fait part récemment de leurs soucis, inquiétudes ou questionnements, liés à des gardes de week end et aux problématiques contractuelles, thérapeutiques ou professionnelles que cela soulève pour eux.

D’autres d’ici ou là nous adressent régulièrement leurs témoignages ou analyses sur des contradictions ressenties entre le sens de leur métier et ce que certaines directions en attendent, ou sur des situations anormalement conflictuelles qui font suite à l’expression de problèmes, de dysfonctionnements rencontrés ou de désaccords.

Le syndicat SUD Santé Sociaux rejoint très largement les revendications sous-jacentes de ces salarié-e-s et fait le lien avec d’autres constats qui interrogent et qui nous interrogent quant à la prise en compte de la spécificité professionnelle et quant aux besoins des prises en charges en institution.

Notre approche syndicale, pour ces métiers comme pour d’autres, consiste à faire reconnaitre leurs spécificités professionnelles afin de mieux définir la place de chacun dans les équipes et projets pluridisciplinaires, et d’agir pour que les professionnels puissent exercer essentiellement leurs métiers et non d’autres tâches un peu « bouche-trous ».

Par cette page, nous espérons pouvoir mieux rendre compte de certaines situations, favoriser la réflexion collective et dégager des pistes de solution, d’où le sens du formulaire à la fin de cette page.

Psychologues, ergothérapeutes, et psychomotriciens sont des professions relativement récentes en EHPAD. Il a fallu attendre notamment que les ARS et les Conseils généraux financement leurs postes pour que ces métiers s’y rencontrent régulièrement. [voire les fiches métiers spécifiques : celle des ergothérapeutes et celle des psychomotriciens la fiche des psychologues sera en ligne prochainement]

Ils y ont aujourd’hui toute leur place et les actions de ces thérapeutes en EHPAD concourent assez largement à l’attractivité des établissements et à la modernisation des prises en charge institutionnelles, notamment par l’apport de réponses non médicamenteuses et innovantes aux problèmes de la dépendances et aux troubles divers du grand âge.

En parallèle, les directions d’établissement connaissent souvent les aspects commerciaux mieux que les notions thérapeutiques si bien que dans le fond ces métiers peuvent leurs être assez mal connues.

Sans trop les distinguer, ils sont souvent juste qualifiés de « paramedicaux », et le fond des prises en charge n’est souvent perçu que par ce qui peut se voir côté client ou « côté vitrine ». Pour les professionnels concernés, la mise en avant de leur travail et la valeur que peut avoir celui-ci sur un plan commercial n’est pas un problème mais à condition que cela ne dénature pas la nature et le sens premier du métier.

C’est ainsi pourtant que chaque métier arrive, malheureusement et de manière assez galvaudée, à se retrouver cantonné à une fonction stéréotypée : La gestion des fauteuils, lit médicalisés, contentions, ou barrière de lit pour les ergothérapeutes, la recherche d’apaisement, la gestion ou prévention de conflit pour les psychologues, la dispense d’ateliers ou de toilettes thérapeutiques pour les psychomotriciens.
La notion de prise en charge du résident semblant alors être perçu comme secondaire, moins visible ou moins profitable, par certains employeurs.

La problématique souvent rencontrée par ces professionnels tient beaucoup à une connaissance et une passion de leur métier très supérieure à la moyenne des autres métiers, si bien qu’ils se heurtent à des exigences institutionnelles parfois contradictoires ou en décalage avec le sens de leur travail et ou à une méconnaissance de leur métier de la part de l’employeur.

Les logiques de rendement de certaines entreprises par exemple sont assez peu compatibles avec les exigences de prises en charges thérapeutiques.

Étant particulièrement attachées à leurs métiers et au sens de leur travail, ces professionnels sont donc moins enclin que d’autres à faire des compromis et nous leur donnons raison. Car c’est à l’institution de s’adapter au progrès des pratiques ou aux améliorations fonctionnelles et non aux praticiens de diminuer leur savoir faire ou de faire avec les dysfonctionnements rencontrés.

Quelques exemples de pratiques abusives que les thérapeutes ne veulent pas accepter :

– Demander d’effectuer certaines toilettes « thérapeutiques » sans la présence d’un soignant, au motif qu’il manque d’AS disponibles pour les toilettes ordinaires.

– Faire appel à des thérapeutes pour faire des gardes le week-end et (des gardes le soir) de façon régulière et non exceptionnelle, comme le fait par exemple un adjoint de direction, au détriment de sa fonction de thérapeute et des tâches liées qui diminuent d’autant.

– Imposer des contentions aux résidents sans prescription et contre sa volonté pour faciliter le service, ou satisfaire une famille-cliente.

– Privilégier des ateliers de groupe plus visibles pour la galerie au détriment de la fonction thérapeutique individuelle ou en petit groupe.

– Des soutiens de directions très inégaux entre MEDEC, IDEC d’un côté et Ergothérapeutes, Psychomotriciens et Psychologues de l’autre. Les seconds étant souvent contraints de se soumettre aux choix ou orientations des 2 premiers sans qu’il n’y ait pourtant de légitimité hiérarchique ou professionnelle à cela.

Ce ne sont là que les exemples qui nous ont le plus été signalés.

Si vous voulez alimentez vous aussi la réflexion, la critique ou les propositions, nous avons conçu un formulaire spécialement pour vous. Les témoignages reçus peuvent nous permettre de mettre à jour nos articles ou d’en inspirez d’autres mais ils ne sont pas publics et seuls notre comité de rédaction y a accés.

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Fiche métier : Ergothérapeute en EHPAD

Ce blog permet l’échange et la collaboration entre les salariés de différents établissements ou sociétés. Si vous avez une question, ou une remarque, utilisez le formulaire dans la colonne de droite ou « commentaire » en fin d’article. Et pour trouver le syndicat SUD prés de chez vous, cliquez là

Suivant la classification des emplois de la convention collective du 18 avril 2002, au 1er avril 2014, le métier d’ergothérapeute se rattache à la filière Soin, Position 2, niveau 2 – Technicien-ne-s spécialisé-e-s – coefficient 284, soit un salaire minimum conventionnel (SMC) brut mensuel de 1982,32€ +1% (par année d’ancienneté)
Ce salaire minimum peut augmenter selon des accords d’entreprise ou d’établissement et à chaque augmentation de la valeur du point (6.98 au 1er avril 2014).

Notre approche syndicale, pour ce métier comme pour d’autres, consiste à faire reconnaitre la spécificité professionnelle afin de mieux définir la place dans les équipes et projets pluridisciplinaires, et d’agir pour que le professionnel exerce essentiellement son métier et non d’autre tâches un peu « bouche-trous ».

Depuis les 5 dernières années, le métier d’ergothérapeute est devenu un métier à part entière en EHPAD en faveurs des approches non médicamenteuses et rares sont les établissements qui aujourd’hui n’ouvrent pas leur porte à la profession depuis que les ARS financent le poste. Psychomotriciens, psychologues, kinésithérapeutes, pédicures, orthophonistes, art-thérapeutes, et ergothérapeutes sont autant de professionnels rencontrés régulièrement dans ces établissements pour l’accompagnement et la prise en charge notamment des résidents atteint de troubles sensoriels, cognitifs et/ou moteurs.

Objectifs de l’ergothérapeute en EHPAD

– Améliorer l’indépendance et l’autonomie des résidents.
– Mettre en œuvre des actions de réadaptation, de rééducation, de prévention, de confort et de sécurité.

Missions spécifiques

L’autonomie dans les activités de la vie quotidienne
– Renforcer, stimuler la participation aux activités de la vie quotidienne (rééducation, stratégies de compensation, aides techniques, aménagements de l’environnement).
– Accompagner les équipes soignantes dans la prise en charge des activités de la vie quotidienne (outils de communication, formations).

Réadaptation de la mobilité et des transferts.
– Améliorer, maintenir les schémas moteurs par des techniques de réactivation ergomotrices, des aménagements, des aides techniques, des ateliers d’activité physique.

Réadaptation des troubles cognitifs (maladie d’Alzheimer et apparentées)
– Renforcer, stimuler les capacités cognitives restantes, développer les stratégies de compensation lors des activités de la vie quotidienne (aides techniques, modification des activités et de l’environnement, ateliers de stimulation de groupe).

Prévention et traitement des risques de chute
– Préconisation d’aménagements de l’environnement et d’aides techniques.
– Rééducation, réadaptation posturale et des stratégies sécuritaires lors des activités de la vie quotidienne, ateliers équilibre et prévention des chutes.
– Programmes d’alternatives aux contentions.

Positionnement, installation des troubles posturaux assis et allongés
– Préconisation, réglage et adaptation des fauteuils roulants.
– Préconisation, réalisation d’aides techniques à la posture.
– Préconisation, réalisation de dispositifs d’aides à la prévention et au traitement des escarres.

Aides techniques
– Préconisation et entraînement à l’utilisation d’aides techniques pour la mobilité, l’équilibre, les repas, la toilette, l’habillage, les loisirs, la cognition…
– Aménagement de la chambre et des lieux de vie.

Assurer la formation, le conseil, l’éducation
– Des soignant(e)s : ergomotricité, prévention des troubles musculo-squelettiques, accompagnement des sujets Alzheimer et maladies apparentées, accompagnement des troubles sensoriels et moteurs.
– Des stagiaires : assurer l’accueil et l’encadrement pédagogique des étudiants et stagiaires.

Participer à une démarche qualité
Assurer la continuité des soins, rendre compte de son intervention et de ses résultats aux différents intervenants.
– Assurer une veille professionnelle, appliquer les connaissances actualisées en gériatrie.


L’ergothérapeute et l’équipe pluridisciplinaire et paramédicale
:

Alors que les kinésithérapeutes, orthophonistes et pédicures interviennent essentiellement en libéraux, les ergothérapeutes comme les psychologues et les psychomotriciens interviennent principalement en tant que salariés.

L’ergothérapeute en EHPAD tend au maintien des activités physiques, psychosociales et à la prévention des complications liées aux pathologies du grand âge. Sa compétence hautement spécifique complète celle d’autres professionnels qui composent l’équipe soin.

L’ergothérapeute est un professionnel recherché en EHPAD bien que le métier est très souvent mal connu des directions qui l’emploie.Le nombre de ces professionnels formés n’est pas encore très important et pour la plupart il n’y a pas une grande appétence pour la gérontologie. Ces deux éléments engendrent une difficulté pour développer l’ergothérapie en EHPAD alors que des budgets sont alloués par les ARS (agence régionale de santé).

L’ergothérapeute est très recherché car issu d’une formation reconnue par l’état : le diplôme d’état. C’est un diplôme reconnu au niveau bac +2 mais qui demande 4 ans d’étude pour les formations en France. Cette formation est très réglementée et formalisée d’où la reconnaissance nationale.  Le développement des consciences et des orientations en faveur du non médicamenteux participe aussi à l’attractivité de ce métier pour le secteur.

L’ergothérapeute est un professionnel de santé qui fonde sa pratique sur le lien entre l’activité quotidienne de la personne et la santé. « Son objectif est de maintenir, de restaurer et de permettre les activités humaines de manière sécurisée, autonome et efficace » (ANFE). L’agence française d’ergothérapie en gérontologie (AFEG) a élaboré une fiche de poste qui répertorie l’ensemble des compétences de l’ergothérapeute.

Certaines missions du ressort de l’ergothérapeute peuvent être traitées par d’autre paramédicaux avec une approche particulière. La prévention des chutes ou la réadaptation de la mobilité et des transferts par exemple. Il y a quelques dizaines d’année, ces activités étaient réservées aux kinésithérapeutes. Ils répondaient à ces missions avec une approche fonctionnelle de rééducation (mobilisation, entrainement de l’équilibre, tonification musculaire…). Aujourd’hui, cette mission est très transversale. Psychomotricien, Kinésithérapeute et Ergothérapeute ont chacun leur pertinence pour prévenir des chutes chez le sujet âgé. L’approche fonctionnelle, psychomotrice, psychique, ludique, etc. sont autant d’accompagnements différents mais complémentaires. Les facteurs externes à la chute comme les aides techniques, la luminosité, l’adaptation de la pièce par exemple sont des éléments dont les ergothérapeutes seront plus sensibles et plus spécialistes.

En EHPAD, les approches non médicamenteuses et l’ergothérapeute en particulier visent un double objectif : l’amélioration de la qualité de vie et le maintien de l’autonomie dans les activités de la vie quotidienne.