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Korian, c’est la honte

Clairement, la honte à Korian, la “hchouma” même. Et qu’on ne vienne pas nous dire que l’on parle des salarié-es. Ça suffit les intoxs ! Trouvez-nous un-e salarié-e ayant eu l’idée de génie suivante : verser des dizaines de millions d’euros aux actionnaires de Korian ? Mise au point. Le Poing serré et levé !

Mise à jour 30 avril : face au tollé, Korian à annoncé qu’il n’y aura pas de dividendes versées cette année. Notre revendication reste inchangée : pas de profits sur le dos des personnes âgées dépendantes, que ce soit en période épidémique ou non !

L’entreprise Korian est régulièrement pointée du doigt pour la maltraitance institutionnelle dans certains établissements. Ça ne date pas d’hier. C’est fort à propos que nous nous sommes sont mobilisé-es massivement pour nos conditions de travail et nos rémunérations dans les EHPAD/SSR/Aide à Domicile ces dernières années

A Korian toujours, Des salariées ayant lancés l’alerte sur les mauvais traitements dans leurs établissements ont fait l’objet de procédures disciplinaires, certaines aboutissant à un licenciement. 

Chaque année, Korian verse des dizaines de million d’euros en dividendes aux actionnaires aux détriment de l’embauche et du matériel. La Directrice Générale a touché quasi un million d’euro de rémunération en 2019. Une aide-soignante à Korian touche environ 50 fois moins.

Nous venons d’apprendre par voie de presse que cette année ce sont 54 millions d’euros qui sont toujours de côté pour aller dans la poche des actionnaires. De quoi embaucher entre 1500 et 2000 aide-soignantes ! 

Source l’OBS : Le géant des Ehpad Korian a programmé 54 millions d’euros de dividendes malgré le désastre sanitaire


Plusieurs centaines de personnes sont décédées au sein des établissements Korian des suites du COVID-19 malgré le professionnalisme des salarié-es. 

Plusieurs établissements n’ont pas eu et n’ont toujours pas l’équipement nécessaire pour faire face à l’épidémie de COVID-19. La consigne a longtemps été : “s’il n’y a pas de de cas diagnostiqué dans l’établissement, alors pas de masque”. Des nouvelles personnes âgées ont été accueillies dans les EHPAD Korian sans qu’elles n’aient été préalablement dépistées au COVID-19.

Les directions d’établissements font pression sur les salarié-es pour les empêcher de faire des droits de retrait. Des collègues sont empêchés de communiquer avec la presse ou avec les familles. La presse est empêchée d’accéder aux établissements. 


Les salarié-es font le maximum avec les moyens alloués. Deux collègues sont décédées. Nous leurs rendons une nouvelles fois hommage. 

La communication de notre employeur, associé à l’UNSA et la CFDT Korian, qui consiste à amalgamer nos critiques légitimes de l’entreprise Korian avec les compétences des salarié-es de Korian est indigne moralement et syndicalement indéfendable. 

L’UNSA et la CFDT ont validé le passage à la semaine de travail de 60h. Ils viennent maintenant la main sur le cœur se dire préoccupés de l’impact des articles de presse sur la santé des salarié-es. Nous nous interrogeons sur la réelle indépendance de l’UNSA et de la CFDT Korian vis-à-vis de notre employeur. 

Nous cherchions des collègues qui sont d’accord pour filer 50 millions d’euros aux actionnaires. Nous en avons trouvé, ils sont à l’UNSA et ils nous représentent au comité social et économique et votent chaque année « pour » les bilans incluant le reversement des dividendes aux actionnaires ! 


Nous avons écrits avec les syndicats CGT, FO et SUD un communiqué commun. Nous continuerons de dénoncer les mauvaises conditions de travail et à travers elles les mauvaises condition de soins des personnes âgées. 

Nous invitons les collègues à tourner le dos à la grossière tentative de communication de notre employeur organisée bras-dessus bras-dessous avec l’UNSA et la CFDT Korian. 

Nous ne sommes pas inquiet par les menaces de “procédures baillons” de notre employeur soutenu par l’UNSA et la CFDT. La liberté d’expression et la liberté syndicale sont toujours de mises, même en période de pandémie. 

Nous n’en appelons pas à l’État, la “startup-nation” de monsieur Macron et les gouvernements avant lui ont toujours chouchouté les capitalistes de “l’or gris” et autre adeptes de “silver economy” qui consiste à faire du profit sur la dépendance des personnes âgées et sur nos bas-salaires.

Nous en appelons à vous les collègues : Encore et toujours, témoignons de la situation dans nos établissements ! Nous le devons aux résident-es et aux collègues qui ont perdu la vie au travail. 

Organisons-nous à l’intérieur et à l’extérieur Korian, regroupons-nous pour imposer un changement en profondeur de société et ne plus subir le manque d’effectif, le manque de matériel et les bas salaires ! 

Forçons Korian à renoncer à verser des dividendes, cette année et les suivantes ! Pas de profit sur le dos des personnes âgées dépendantes !

Contactez SUD Santé Sociaux !


Actu sociale, BTHE

Korian Medica : les dividendes des actionnaires s’élèvent à 1 186€ par salarié !

Un Tract de soutien de notre section SUD sur les Sieges Korian

En se servant dans les profits générés par le travail des salariés, les actionnaires privent chacun des 40 000 salariés Korian d’Europe de 1 186 € …

Nous ne le dirons donc jamais assez : Leurs profits sont nos misères !

Le voilà, l’argent qu’il manque aux salariés ! Il est donc là le complément absent des salaires ras-de-paquerette, il est là le petit 13ème mois que les salariées n’ont pas, là la prime pénibilité, les absences qu’on ne remplace pas, et les non paiements d’heures sup ou d’astreintes travaillées…

Et on ne parle même pas des 116% de bénéfices dont le salarié ne voit pas d’autre couleur que celle de sa sueur et de sa douleur.

La section SUD DSI des Siéges Korian soutient le personnel d’établissement, et a contribué à la caisse de solidarité en soutien aux 38 grévistes de Korian Champ de Mars qui à l’appel de SUD (puis de la CGT) ont cessé le travail sur 6 jours.
Le PDG du groupe, l’ensemble du conseil d’administration et tous les actionnaires ont bien sûr le droit de faire pareil, à moins qu’ils se réservent à la place pour satisfaire toutes les améliorations de rémunération concrètes que l’on réclame encore.

La section SUD soutient également la mobilisation initiée et conduite par la CGT et relayée par SUD pour la défense de salariés ex-Medica.

Enfin, parce que l’avenir qualitatif du groupe en dépend, l’ensemble de la classe dirigeante est appelé à participer avec plus de conviction à la défense de tous les salariés !

Actu sociale, Conditions de travail

Un pacte irresponsable | la Fondation Copernic revient sur le « relevé de conclusions » signé par 3 syndicats et le Medef

Un article de la Fondation Copernic : http://www.fondation-copernic.org

Par Pierre Khalfa, coprésident de la Fondation Copernic

Trois organisations syndicales (la CFDT, la CFTC et la CGC) ont donc signé avec le Medef « un relevé de conclusions » sur la mise en œuvre du pacte de responsabilité qui vise à baisser le coût du travail en supprimant les cotisations familiales versées par les employeurs. Selon un scénario maintenant bien rôdé, la CFDT a d’abord monté le ton, jugeant la proposition initiale du Medef inacceptable, pour finalement parapher un texte quasiment identique. En comparer les deux versions est d’ailleurs éclairant. Si le texte final prévoit effectivement que « des objectifs quantitatifs et qualitatifs en terme d’emplois » soient discutés dans les branches professionnelles, ces discussions pourront être conclues par un « relevé de conclusions » n’impliquant aucune contrainte juridique. Surtout, le Medef a obtenu l’essentiel, à savoir que les baisses de cotisations sociales seront acquises quelle que soit la situation dans l’avenir. Enfin, cerise sur le gâteau, le texte prévoit que des discussions seront ouvertes afin « de franchir une nouvelle étape dans l’amélioration du marché du travail », formule indiquant, dans la novlangue patronale, l’exigence d’un nouvel accroissement de la flexibilité et de la précarité du travail. Il est enfin prévu d’engager une concertation sur le financement de la protection sociale. Après la suppression des cotisations familiales employeurs, quelle sera la prochaine étape ?

Au-delà de cette parodie de négociation, il faut revenir sur la stratégie économique qui est mise en œuvre : le coût du travail trop élevé pénaliserait la compétitivité des entreprises et les dissuaderaient d’embaucher. La baisse du coût du travail devient donc, dans ce cadre, le passage obligé de la politique économique. C’est l’objectif de la suppression des cotisations familiales employeurs. Remarquons d’abord que cette suppression se traduira par une baisse minime des coûts de production [1], de l’ordre de 1,2 %. En supposant même que cette baisse des coûts soit entièrement transférée sur les prix, comment croire que cela pourra réellement améliorer la compétitivité des entreprises ? Qui peut penser qu’une baisse de prix de cet ordre permettra aux entreprises de gagner des parts de marché ?

Mais surtout, la volonté de baisser le coût du travail repose sur une erreur de diagnostic. L’économie française ne souffre pas d’un problème de compétitivité-prix, mais d’un problème de compétitivité hors-prix [2] : manque criant d’innovation, inadéquation à la demande, niveau de gamme insuffisant de l’industrie, tissu industriel désarticulé dominé par de grands groupes pressurant leurs sous-traitants et difficulté des PME à avoir accès au crédit bancaire. On ne voit pas comment une baisse du coût du travail pourrait être la réponse adéquate à ces problèmes.

Il faut y ajouter la « préférence française » pour les dividendes. La baisse des cotisations sociales a eu comme principale contrepartie l’augmentation de la part des dividendes nets versés dans la valeur ajoutée [3]. Les seules entreprises du CAC 40 ont versé 43 milliards d’euros à leurs actionnaires en 2013, en dividendes et en rachat d’actions, montant en hausse de 4 % par rapport à 2012 et les revenus distribués par les sociétés non financières sont à leur niveau le plus haut depuis la seconde guerre mondiale. Dans le même temps, l’investissement des entreprises a stagné. Ce coût du capital n’est évidemment jamais pris en compte quand le patronat évoque la compétitivité des entreprises.

Cette baisse de cotisations sociales permettra-t-elle de créer des emplois supplémentaires ? Le bilan des exonérations passées [4] laisse sceptique. Il diffère suivant les hypothèses retenues, les méthodes employées… et le parti-pris idéologique des auteurs. Voici ce qu’en disait la Cour des comptes en 2009 : « La Cour avait relevé que les nombreux dispositifs d’allègements des charges sociales étaient insuffisamment évalués en dépit de la charge financière croissante qu’ils représentaient pour les finances publiques (27,8 milliards d’euros en 2007, soit 1,5 % du PIB). S’agissant des allègements généraux sur les bas salaires, leur efficacité sur l’emploi était trop incertaine pour ne pas amener à reconsidérer leur ampleur, voire leur pérennité. » Si l’on prend comme hypothèse un chiffre de 300 000 emplois créés avec le dispositif Fillon de 2003, chiffre déjà très élevé, le coût annuel de chacun de ces emplois pour les finances publiques s’élève à près de 75 000 euros [5]. Il s’agit d’un coût exorbitant, alors même que les emplois créés sont des emplois à bas salaire et à faible qualification. Les subventions au patronat atteignent là des sommets.

Mais surtout, comme le faisait remarquer à juste titre le président de la CGPME, pour créer des emplois « encore faut-il que les carnets de commande se remplissent ». Car ce qui incite les employeurs à embaucher, c’est d’avoir une demande assurée pour leurs produits. Et c’est là que la baisse massive des dépenses publiques prévue pour financer ce pacte aura un effet délétère. Alors que l’investissement des entreprises est au plus bas et que les revenus des ménages stagnent ou régressent, ces mesures auront un effet récessif qui aggravera davantage la situation économique, rendant par ailleurs encore plus difficile la réduction des déficits publics. Non seulement ce pacte ne créera pas d’emplois, mais il risque d’en détruire.

Pire, tous les pays européens sont aujourd’hui en train de mettre en œuvre des orientations similaires. Il s’agit en théorie de favoriser les exportations. Mais cette logique est prise dans des contradictions dont elle ne peut sortir. En effet, l’essentiel des relations commerciales des pays de l’Union européenne a lieu à l’intérieur de l’Union. Les clients des uns sont les fournisseurs des autres et les déficits des uns font les excédents commerciaux des autres. Vouloir, dans cette situation, que tous les pays copient le modèle allemand et se transforment en exportateurs est impossible. La contraction de la demande interne dans tous les pays, produite par la réduction des coûts salariaux et les coupes dans les dépenses publiques, pèse sur le commerce extérieur de tous. Où exporter lorsque tous les pays réduisent leur demande ? La baisse de la demande interne dans la zone euro est en train d’ouvrir la porte à la déflation.

Les exportations hors zone euro permettront-elles de se substituer à une demande interne défaillante et relancer ainsi l’activité économique et l’emploi ? On peut en douter. Outre que, au vu de ses caractéristiques, l’industrie française est particulièrement sensible aux évolutions du taux de change de l’euro, la demande dans les pays émergents tend à stagner et n’est de toute façon pas assez forte pour entraîner par elle-même une croissance dynamique en Europe. Au-delà même de savoir si l’objectif de toujours plus de croissance est souhaitable alors que nous connaissons une crise écologique majeure, une telle stratégie s’avère totalement illusoire.

Économiquement absurde, ce pacte sera socialement destructeur. Avec les coupes massives dans les dépenses publiques prévues pour le financer, le démantèlement des services publics et de la protection sociale va se poursuivre. Le financement des collectivités locales, qui jouent un rôle prépondérant en matière d’investissements publics et d’aides sociales, en sera impacté. Ces coupes aggraveront ainsi le délitement des liens sociaux et la paupérisation en cours. La course à la compétitivité est une course sans fin où il n’y a pas de gagnants et où les seules perdantes sont les populations.

Pierre Khalfa


[1] Voir le calcul fait par Christian Chavagneux d’Alternatives économiques.

[2] Voir Attac/Fondation Copernic, En finir avec la compétitivité, Éditions Syllepse.

[3] Voir Michel Husson, Les cotisations sont une « charge », mais pas les dividendes ?, Note Hussonet n°72, 3 mars 2014

[4] Antoine Math, « Le financement de la politique familiale : faut-il supprimer les cotisations sociales de la branche famille ? », Revue de droit sanitaire et social, n°6, novembre-décembre 2013

[5] Ibid.