BTHE, Conditions de travail, témoignage

Témoignage d’un Chef Cuisinier d’EHPAD Korian

Voici le 1er témoignage que nous publions dans le cadre de notre mobilisation nationale et de la série d’articles prévus pour vous donner la parole, une fois chaque jour jusqu’au 23 juillet. Vous aussi, exprimez vous ici.

Le Chef cuisinier qui nous a adressé son témoignage, a plusieurs dizaines d’années d’expérience en maison de retraite, il a été licencié en 2017.

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Bonjour , d’abord bravo et merci pour tous ce que vous faites pour l’ensemble des salariés et surtout qui servira pour le bien être des résidents de chaque établissements.

J’étais chef cuisinier de l’établissement, j’ai été licencié.
Depuis notre rachat par Korian et un changement de directeur, conditions de travail , changements d’horaires incompressibles, relationnel et management sont devenus déplorables, dégradation de la qualité en restauration, produit et budget de plus en plus restreints, personnel non qualifiés, la liste et longue.
Jeune direction, faire du chiffre, et rien n’a faire des conditions de travail et du mal être, les salariés subisses, résignés, peur de perdre leur emploi, beaucoup d’arrêt de travail (énormément).

J’aimais beaucoup mon travail avant qu’on soit racheté par Korian, j’aimais faire de la bonne cuisine traditionnelle, et faire plaisir aux résidents. Aujourd’hui ce sont des fiches recettes rédigés par le prestataire (Sodexo) qu’on doit suivre a la lettre et des produits qu’on ne peu pas choisir (très mauvaise qualités) ,voila j’ai quitté cet établissement avec beaucoup de nostalgie , je pense beaucoup à mes collègues qui ont perdu comme moi le goût et le plaisir de leur travail et viennent travailler sans plaisir et la boule au ventre.

merci encore cordialement.

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BTHE, Métiers

Les cuisines de Korian : de la sous-traitance à la reprise

La reprise du personnel et du service :

Auparavant sous-traités à divers prestataires qui géraient les commandes de nourriture, la préparation des repas sur place et la plonge, de nombreux EHPAD du groupe vont donc reprendre la gestion de la cuisine en interne pour ceux qui ne l’ont pas déjà.

Pour l’entreprise il s’agirait d’une étape de sa démarche qualité visant à mieux contrôler le contenu et la présentation des repas, les options et les coûts. Notons que précédemment le coût de revient était d’à peine 2 euros par déjeuner ou dîner.

Pour les établissements, ce changement induit plus de gestion de personnel en interne (plongeur-euse-s et cuisinier-e-s) et notamment plus de travail pour les responsables hebergements/gouverant-e-s, plus de gestion administrative (plannings, congés, salaires, etc) et plus de gestion de commandes et de stocks.

Pour les salariés repris, ce qui est important de savoir :
(et de transmettre à vos collègues concernés)

Pour prendre contact avec nous, en cas de problème ou pour vos questions, utilisez le formulaire : https://greveurschampdemars.wordpress.com/votre-avis/ en précisant votre métier et en détaillant le mieux possible la situation

La reprise des salariés et de leurs contrats suit les dispositions de l’article L.1224-1 du code du travail.
Pour résumé grossièrement, rien ne changerait pour vous que le nom de l’employeur et l’émetteur de votre paie.

Pour être plus précis en considérant les subtilités pratiques bon nombre d’explications s’imposent.

1) Le salarié n’a pas le choix de sa reprise ou non (sauf de rompre son contrat / démission).

2) Aucune signature de nouveau contrat ou de modification du contrat précédent n’est obligatoire pour que cette reprise soit valable et effective. A la date du transfert, votre ancien contrat est automatiquement transféré et seul votre employeur change.
Le nouvel employeur ne peut pas le refuser non plus ou sinon il devra en assumer des conséquences qui peuvent coûté très cher.

3) Si Korian-Medica vous propose un nouveau contrat pour remplacer l’ancien, vous pouvez librement l’accepter ou le refuser. Le refus du nouveau contrat n’aurait pas de conséquence sur votre reprise et toutes les avantages du précédent contrat seraient donc maintenus.

Si vous accepter le nouveau contrat, un délai de réflexion suffisant doit vous être laissé. Vous ne devez pas être obliger ou contraint de l’accepter mais libre de votre choix.

En clair, vous n’auriez aucun intérêt à signer un nouveau contrat qui vous retirait des avantages que vous aviez. Comparez bien ancien et nouveau contrat. Si un nouveau contrat prétend vous apporter de meilleurs avantages que le précédents, lisez bien TOUT ce qui est écrit car c’est uniquement ça qui vaut et non les belles paroles, et parce qu’1 seul + peut cacher plusieurs .
Des modifications contractuelles qui toucheraient aux salaires, à l’ancienneté, etc ou aux avantages contractuels concrets ne pourraient pas vous être imposé, seules des changement de conditions de travail mineurs (nouvelle tenue, horaires, etc) peuvent devenir obligatoire.

4) Au delà du papier, le changement d’employeur induit aussi la possibilité de nouvelles directives, tâches ou missions. Et c’est là qu’une grande vigilance s’impose dés lors qu’il peut y avoir dans le temps de vrais gros changements pour vos organisations et conditions de travail.

Pour la suite tenez vous/nous informés, et pour connaitre les droits en vigueur de votre future nouvelle convention collective ajouter le lien ci-dessous à vos favoris : https://greveurschampdemars.wordpress.com/2014/03/31/table-des-matieres-et-lexique-de-la-convention-collective-du-18-avril-2002/

Quelques salaires minimum conventionnels (équivalent temps plein 35h) utiles à connaitre pour tout nouveau personnel de cuisine (pour les anciens votre salaire est conservé) :

– Agent de service hotelier (ASH) : Coef 208 – 1 457,52 euros mensuel brut (alignement SMIC depuis le 1/01/2015)
– Aide cuisinier(e) : Coef 211 – 1472,78 euros brut mensuel
– Cuisinier(e) titulaire d’un Titre professionnel inscrit au RNCP ou validé par la CPNE : Coef 214 – 1493,72 euros brut mensuel.
– Chef de cuisine : Agent de Maitrise, Coef 295 – 2059,10 euros brut mensuel.

Ces salaires minimum augmenteront de 1% à chaque nouvelle année d’ancienneté acquise dans l’établissement ou le groupe, et de 0,5% pour toute année déjà travaillée pour un autre employeur de la santé (hôpital, clinique, ehpad, ..)

bon appétit !

Actu sociale, BTHE, Champ de mars

Korian Champ de Mars : Bulletin Syndical ( BuSy SUD)

Ce blog permet l’échange et la collaboration entre les salariés de différents établissements ou sociétés. Si vous avez une question, ou une remarque, utilisez le formulaire dans la colonne de droite ou « commentaire » en fin d’article. Et pour trouver le syndicat SUD prés de chez vous, cliquez là

 Chers lectrices, chers lecteurs,

Ce blog est né d’une situation où le climat social là-bas et la confiance y étaient particulièrement détériorés. Depuis ça s’était lentement mais progressivement amélioré notamment du fait de prises de conscience groupe et d’une discrimination un peu moindre à l’encontre de notre représentant de section, une section qui a largement contribué en deux ans à pacifier des équipes pourtant très divisées et à informer sur leur droits un grand nombre de personnels en manque de repères.
Notre espace d’actualité en ligne s’était donc tout naturellement intéressé peu à peu à d’autres sujets et horizons enrichissant considérablement aux quatre vents notre réseaux de salariés sympathisants comme nos sources d’informations et le nombre de nos réflexions, si bien qu’une réelle concertation citoyenne entre des salariés de l’entreprise ou d’ailleurs a pu émergée au niveau national et même européen via ce blog comme au sein de l’organisation syndicale et intersyndicale, un réseau qui ne cesse de croitre et nous amène à diversifier nos focus d’actualité.

Mais face à de nouvelles dégradations de climat qui nous inquiètent au sein de l’EHPAD Korian Champ de Mars et du risque lattant d’une nouvelle gréve en conséquence, nous nous sentons obligé de revenir aux sources.

Ca s’améliorait au Champ de Mars. Ca avait été laborieux, pas de tout repos et non sans embûches pour nos élus, adhérents et sympathisants là-bas, jusqu’à ce que tout ce qui avait mis si longtemps à être consenti (en premier lieu la prise de conscience de certains besoins) porte enfin ses fruits, mais ça avançait. Même le « dialogue social » commençait à ressembler à quelque choses. Au point que les intéressés proches de nous réagissaient moins à certaines actions patronales perçues comme injustes, inadaptées, opposées à nos valeurs, voire hostiles.

Mais peut être mal leur en avait pris… Puisque depuis quelque temps, et peut être dû à un certain relâchement revendicatif, des tensions de plus en plus contagieuses grandissent. Comme si le naturel initial tant décrié que nos élus et adhérents avaient cru chasser devait inexorablement revenir au galop, amplifier par la circonstance du poids commercial anxiogène du fait d’un taux d’occupation en baisse. Et c’est de plus en plus de personnels qui se sentent mis sous pression ou injustement menacés.

Alors que la direction ne souhaite sans doute pas une gréve, on a pourtant de plus en plus l’impression ces derniers temps que malgré les appels à l’apaisement, bien des interventions hiérarchiques quasi omnipotentes, touchant à l’organisation, la communication, le management, le personnel ou encore au plus reconnus de nos représentants, perturbe considérablement la sérénité des agents sinon leur travail, amplifie les tensions et pousse au conflit social.

Nos représentants SUD avec ceux de la CGT ont plusieurs fois alerté la direction sur des problémes et des risques pour prévenir ces regains de tensions ou pour éviter toute dérive. Non seulement les demandes ont été trop peu voire pas du tout satisfaites mais il semble au contraire que l’expression de certaines revendications positives soit reprochée à l’un des DP SUD. C’est ce que semble révéler les nouveaux qualificatifs exprimés contre lui, entendus et rapportés par plusieurs salariés.

Porter à la connaissance de la direction les demandes individuelles ou collectives des salariés est pourtant la première mission des DP et en recevoir réponse écrite fait partie des obligations ordinaires d’un employeur. C’est même essentiel au bon fonctionnement d’un établissement que de permettre la prise de connaissance de problématiques plutôt qu’elles ne s’aggravent par méconnaissance ou non prise en compte. Il n’y a donc là rien de personnel, et ça ne devrait jamais porter à conséquence contre tel ou tel délégué du personnel.

Pourtant, dans le monde du travail d’aujourd’hui, les représentants du personnel les plus efficace se voient souvent reprocher par leurs employeurs un formalisme parfois inconditionnel d’autant plus que certains problémes des salariés vont de pairs avec certaines optimisations de profits. Mais aussi parce que ces employeurs ne comprennent souvent pas que le recours à ce formalisme et à tout l’arsenal légal n’est souvent que la conséquence d’une indifférence patronale face aux autres formes de demandes. C’est ce que constatent tous les salariés qui s’adressent à nous ou à nos représentants du personnel faute de prise en compte ou de solution à leurs problémes.
L’indifférence à l’égard même du droit du travail est également en hausse du fait des affaiblissements successifs de notre système de droit et ou par un certain zèle résultant de la hausse des budgets que les entreprises provisionnent en anticipé en faveur du juridique. Ce qui là encore appelle syndicats, salariés, voire même usagers et clients, à innover également dans d’autres formes d’actions pour faire entendre leur voix et valoir leurs droits,

Vendredi 30 janvier, à Korian Champ de Mars, au lendemain de la réunion DP mensuelle, l’IDEC voulait faire porter à notre représentant la responsabilité d’une visite de l’inspection du travail sur le site ce jour là. Vérification prise, il n’y était pour rien, mais bon.
L’IDEC s’agaçait aussi qu’en conséquence de demandes DP discutées en réunion la veille et portant sur les pauses obligatoires, la direction allait lui demander de fliquer le personnel soignant qu’il ne voyait pas son rôle comme ça, qu’il en avait ras le bol, que ce serait à cause d’Olivier à qui les AS pourront dire merci, (sic.). Ce n’est pas la première fois qu’est évoqué tout haut, à tort, et sur un ton pas très neutre « le DP » ou « le syndicat » en réaction à des mesures ou des propositions prises (ou même pas encore prises) par la seule direction sinon par lui-même, et non par « le DP » ou « le syndicat » mais passons…

D’une simple demande DP comme une autre, cette problématique pause suscite une réaction inadaptée et anormale qui recueille toute notre attention. Dommage que les réponses qui semblent pour l’heure envisagées ne s’assimilent surtout à notre avis qu’à remplacer des manques de temps effectif (de pauses) par des pertes du temps effectif (de pauses). Ce malgré d’autres propositions des DP, pourtant sans frais et plus efficace mais rejetées.

Le même jour, les salariés de la cuisine étaient conviés à une réunion dans le cadre du projet de leur reprise à venir par Korian. En jeu pour ces salariés, un changement d’employeur, une révision contractuelle à suivre donc et dans tout ça beaucoup d’inconnus pour eux bien que le projet de reprise ne date pas d’hier. C’est dans ce contexte de doute, de questionnement voire d’inquiétudes qu’ils avaient souhaité qu’Olivier, en qualité de DP, les assiste à cette réunion. Mais la direction l’a refusé, là où le chef de secteur représentant Restalliance se disait quant à lui sans avis sur la présence ou non d’Olivier.

Il n’y avait pas d’obligation pour l’entreprise à inviter un DP de l’établissement. Pas plus qu’il n’y avait d’obligation pour le futur employeur à refuser que ses futurs salariés soient assistés d’un DP de l’établissement dont la présence ne gênait en rien une réunion sans contenu confidentiel.
Ca n’a pas empêché le DP de satisfaire à l’autorité de son employeur en respectant le souhait de ce dernier et en n’assistant pas à cette réunion. Toutefois, cet interdit difficilement compréhensible nous semble préoccupant et peu compatible avec l’idée d’une réelle « démocratie » dans l’entreprise.
C’est aussi à notre avis un signe de plus de recul par rapport à ce que l’évolution du « dialogue social » laissait auparavant espérer. L’attitude de l’employeur dans ce contexte (encore) nous semble l’illustration d’une autorité bien particulière et significative.

Tout cela nous semble donc très regrettable et déplorable d’autant plus que jusqu’à quelques semaines de ça, les remontées de situations pouvant être constitutifs d’entraves semblaient diminuer progressivement et que les contributions précédentes de SUD et de la CGT au profit d’une vraie cohésion sociale des personnels dans l’établissement montraient de bons résultats.

arton1178

La Boétie a dit : ‘’Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux : levons-nous !’’

Ici comme ailleurs
2015 ne sera que
ce que nous en ferons