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Maisons de retraite : Sous-effectif, manque de soins… Les Ehpad, un système au bout du rouleau

Plus le déni est fort, et il l’est, plus il faut être nombreux pour crier fort et pour dire halte, sans quoi ça pourra toujours être pire, pour quelque poignée de profits ou d’économies de plus. Surtout qu’en été avec les congés et les remplacement au lance pierre, c’est souvent pire..

L’article ci-dessous est repris du journal 20minutes.

C’est une réalité que personne ou presque ne veut voir, bien cachée derrière les portes des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, les fameux Ehpad. Des Ehpad où le personnel en sous-effectif chronique est pour ainsi dire devenu la norme et où le temps accordé aux résidents et aux soins dont ils ont besoin en est réduit à peau de chagrin, avec des aides-soignants lessivés par une charge de travail toujours plus grande.

Cette omerta généralisée, une dizaine d’aides-soignantes de la maison de retraite Les Opalines, à Foucherans (Doubs), tentent de la briser : elles ont entamé une grève il y a plus de cent jours maintenant, dans l’espoir de faire entendre leur voix et sortir d’une situation qui n’est plus tenable. Un mouvement social qui est sorti cette semaine de son quasi-anonymat après la publication d’un long article par Le Monde.

Toilette expresse et bas salaires

Car en pratique, ce n’est pas joli joli. Une dizaine de minutes, montre en main, c’est souvent la cadence infernale que doivent tenir les personnels en Ehpad pour faire sa toilette à un résident. Des résidents que, « faute de temps, on munit pour les moins mobiles d’entre eux d’une protection pour qu’ils se fassent sur eux parce qu’on est trop peu pour avoir le temps de les accompagner trois fois par jour aux toilettes », déplore Vanessa, infirmière coordinatrice dans un Ehpad.

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Actu sociale, BTHE

Le mal-être des aides-soignant(e)s dans les Ehpad: «C’est l’horreur. Aidez-nous !»

En écho à l’actualité, les aides-soignant(e)s des Ehpad témoignent de conditions de travail dégradées…

C’est la gréve la plus longue de France, et (surprise?) elle touche un EHPAD privé. Emmanuel Macron adule la Silver économie comme quelques autres Picsou qui collectionnent les lingots d’or gris et sans surprise rien n’est prévu dans son programme santé pour redresser la barre d’une situation indigne et lamentable qui coule la prise en charge des vieux comme des moins vieux au profit de celles et ceux pour qui soigner pas bien rapporte plus que la qualité du Soin.

D’ailleurs pour témoigner vous aussi, nos pétitions ainsi que nos recueils d’interview ne marquerons pas non plus de trêve :
https://greveurschampdemars.wordpress.com/tag/petition/
https://greveurschampdemars.wordpress.com/temoignages/

Comme les salarié-es l’Ehpad de Foucheran, cela fait des mois que nous alertons, dénonçons, interpellons. Mais c’est comme pousser des SOS dans le désert ou de montrer des panneaux de signalisation à des aveugles… Comme les salarié-es en gréve de Foucheran, à la longue on se sent seul et il était que ça change !

Il aura fallu la plume de Florence Aubenas, et la Une du monde (tout de même) pour ponctuer d’une relance magistrale notre volet de mobilisation qui est loin d’avoir dit son dernier mot. Et on pourrait presque faire une pause maintenant que la presse et les médias ont enfin pris le relai. Comme 20minutes qui quelques heures a crouler sous les témoignages d’aides-soignantes en détresse.

Sont pointées du doigt, pêle-mêle, des cadences infernales, la maltraitance vis-à-vis des personnes âgées, des conditions de travail exécrables, des crédits et des salaires insuffisants. Anne-Sophie Pelletier, porte-parole du mouvement, précise : « On ne se bat plus seulement pour les sous, mais pour la dignité. » D’ailleurs, la fatigue générale mène régulièrement à des burn-out.

La situation des Opalines est pourtant loin d’être un cas exceptionnel. Avec 55 professionnels pour 100 résidents, elle se situe dans la moyenne nationale.

Sur la page Facebook de 20 Minutes, nous avons demandé à des aides-soignantes de nous raconter leur quotidien, les conditions dans lesquelles elles travaillent et comment vivent les personnes âgées au sein des Ehpad (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) où elles officient. Le constat est accablant.

« Les institutions nous poussent à la maltraitance »

Claire (*) est aide-soignante depuis 5 ans. Elle enchaîne petit contrat sur petit contrat dans les maisons de retraite. Elle dénonce le « burn-out général » dans la profession : « Pas le temps pour bien prendre soin de nos aînés, être à l’écoute, individualiser les soins, évaluer un projet de vie personnalisé et j’en passe… » Pourtant, elle adore son métier mais se sent « frustrée de ne pouvoir appliquer les valeurs que j’ai au fond de moi ainsi que celles que j’ai pu développer pendant ma formation ». En début de carrière, elle est déjà démoralisée et n’hésite pas à comparer ses conditions actuelles de travail à celles qui ont cours en usine.

Laure, quant à elle, en veut à sa hiérarchie qui « ne se rend pas toujours compte de la charge de travail ». Elle doit faire 17 toilettes en une matinée : « Impossible de faire des toilettes complètes ou des mises au W-C entre deux ! » et ce, au détriment des résident(e)s.

Clara confirme : « Les institutions nous poussent à la maltraitance. » Elle donne des exemples précis : « Une personne ayant des difficultés pour se déplacer, nous allons la mettre en fauteuil car nous n’avons pas le temps de l’accompagner dans tous ses déplacements. Une personne ayant des difficultés à aller aux toilettes, nous allons lui mettre une protection car nous n’avons pas le temps de l’accompagner trois fois le matin faire pipi ou changer les vêtements à chaque fois qu’elle se souille. »

« Dans certains établissements, il y a plus de personnel non formé que diplômé »

Elle déplore également la logique comptable et financière prévalant dans les Ehpad : « Pour faire des économies les établissements préfèrent embaucher des personnes non diplômées faisant fonction d’aides-soignantes ou des contrats aidés plutôt que du vrai personnel formé. » Un personnel non formé souvent désarçonné face à des situations demandant une certaine expertise comme manipuler des personnes âgées pour les mettre dans leur lit ou les emmener faire leurs besoins.

Cyril, travailleur intérimaire dans plusieurs maisons de retraite, est formel : « Dans certains établissements, il y a plus de personnel non formé que diplômé » d’autant qu’épuisé par les cadences imposées, les arrêts de travail se multiplient chez le personnel hospitalier. Cyril estime passer « au maximum » entre 15 et 20 minutes par patient : « Essayez de faire prendre une douche à un patient de 80 à 90 kg qui se déplace en fauteuil roulant en moins de vingt minutes. Ou à une personne atteinte de démence. Je ne parle pas des locaux non adaptés, qui sont parfois en mauvais état. »

Au bout du rouleau

Paul se sent désespéré et au bout du rouleau face à cette situation qui perdure depuis tant d’années : « ll faut que nos hommes politiques de tout bord prennent conscience de nos problèmes. Nous avons entre les mains des êtres humains dont nous devons nous occuper et non des machines ou des objets. Nous aimons notre travail et nous voulons avoir les moyens pour mieux accompagner les personnes âgées. »

Il conclut sur un cri de détresse : « C’est l’horreur. Aidez-nous ! »

L’appel de Paul comme celui de milliers d’aides-soignant(e)s qui aiment profondément leur métier, sera-t-il entendu par le gouvernement ou le silence des pouvoirs publics restera-t-il assourdissant ?

(*) Tous les prénoms ont été modifiés.

http://www.20minutes.fr/sante/2107299-20170721-mal-etre-aides-soignante-ehpad-horreur-aidez