Dans certains établissements, le dialogue social prend des chemins compliqués. Quatre témoignages d’aides-soignantes marseillaises à France Culture ont soulevé un vrai tollé. Articles dans les médias, pétitions de la CGT, courrier de soutien des salariés au groupe Korian… chacun a sorti son arsenal de combat.
La participation de quatre aides-soignantes de l’Ehpad Les Parents de Marseille (Bouches-du-Rhône) à l’émission « Les pieds sur terre » de France Culture, le 9 décembre dernier, a semé le trouble. Dès l’introduction du sujet, le ton est donné. « En sous-effectif, avec un manque de matériel, des cadences de travail insoutenables, Hella, Pauline, Farida et Murielle ont décidé de sortir du silence et d’alerter sur leurs conditions de travail et sur la maltraitance dans cet établissement où résident 91 retraités. » Le groupe Korian qui gère l’établissement précise que l’Ehpad dispose de 95 lits. Par ailleurs, l’émission a l’effet d’une bombe. En introduction de leurs témoignages, les aides-soignantes annoncent qu’elles viennent de se « rendre à l’inspection du travail qui va diligenter une enquête sur les risques psychosociaux« . Elles expliquent que cette enquête devrait permettre aux autres salariés de l’Ehpad de parler sans avoir peur de perdre leur travail. Elles espèrent que l’ARS Provence-Alpes-Côte d’Azur intervienne.
Confidences à la radio
À l’antenne, Hella raconte notamment qu’elle travaille en secteur fermé auprès de 19 résidents. Alors qu’elle était seule dans le service, une résidente a ouvert une fenêtre et s’est retrouvée sur un balcon avec des envies suicidaires… Choquée, l’aide-soignante a fait une déclaration détaillée de l’événement et se serait fait épingler par sa direction qui lui aurait conseillé de ne pas tout dire. Une autre explique comment une pensionnaire aurait chuté dans sa chambre sans que personne n’intervienne avant le petit matin… Les aides-soignantes confient leur quotidien, et semblent soulagées de pouvoir parler sans filtre de leur travail et de leurs inquiétudes. Certaines ont même des sanglots dans la voix.
L’heure des licenciements
Une semaine après leurs interventions sur les ondes, les aides-soignantes soutenues par la fédération CGT ont organisé le 16 décembre une conférence de presse, dévoilant que deux d’entre elles viennent d’être licenciées. Dans un communiqué diffusé à la presse locale, le groupe Korian réplique. Estimant que les propos tenus à la radio par les quatre « sont de nature à remettre en cause la réputation de l’établissement et n’ont d’autre objectif que la volonté de nuire« , la direction déclare avoir déposé plainte. Concernant le licenciement des deux salariées ayant témoigné sur France Culture, la direction précise que la décision de se séparer de ces collaborateurs « a été prise antérieurement aux accusations portées publiquement par ces deux personnes« . Elle ferait « suite à des fautes professionnelles réelles qui ont été commises, ne rendant plus possible le maintien de ces salariés au sein de l’équipe de soins« . Le groupe n’apporte pas plus de précisions.
Chacun ses arguments
Pour soutenir les salariés qui ont réclamé leur réintégration, la CGT a aussi lancé le 20 décembre une pétition, soulignant qu’elles ont été licenciées le 8 décembre, veille de la diffusion du reportage. La fédération syndicale estime qu’elles ont « eu le tort de dénoncer la maltraitance institutionnelle dont souffrent les résidents victimes de la politique des groupes, dont Korian, et la souffrance quotidienne des soignants« . Le 3 janvier, le syndicat a récolté 317 signatures. Dans le même temps, familles et salariés, chacun de leur côté, ont transmis au groupe Korian des lettres de soutien. 32 salariés ont signé un texte ayant pour objet de contrecarrer les propos des quatre aide-soignantes aux médias. Ce texte dément l’existence de faits de maltraitance. « Nous réfutons purement et simplement d’être associés à ces personnages qui ont décidé de salir notre image« , écrivent-ils
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