Pourquoi SUD n’est pas signataire du protocole de fin de conflit ?
Parce que notre fonctionnement est démocratique, que nos revendications sont légitimes et qu’il est hors de question de les taire ou d’y renoncer.
Nous agissons avec et pour les salarié-e-s mais ne décidons pas à leur place. D’accord ou pas d’accord, c’est une affaire collective avant tout, et avant nous.
Aussi, lorsque autant de salarié-e-s sont en gréve, c’est avant tout parce qu’elles et ils recherchent de bonnes raisons de ne plus l’être. Et ces raisons ce sont des garanties que leurs problémes sont bien compris et seront solutionnés. Or, la majorité des grévistes attend de vraies garanties à la place des « propositions » sensées résoudre leur conflit.
Plus d’un mois après le débrayage du 4 mars, de celui du 14 avril 2015, aux jours de gréve du 15, 16, 17, 18, 19 et 20 avril 2015, de 8h à 20h00, 38 salarié-e-s titulaires ont pris part au mouvement de gréve sur Korian Champ de Mars. Seuls 15 titulaires en poste sur la même période n’y ont pas pris part. Soit une participation à 72%.
Ce mouvement à concerné notamment 100% des titulaires aides-soignant-e-s, serveurs, animateur, cuisiniers et plongeurs disponibles et 75% des ASH.
C’est ce que la direction de l’établissement qualifie de « mouvement de gréve de certains membres du personnel » dans son annonce affichée à l’intention des familles et résidents (mais pas au personnel).
Malgré cette mobilisation hyper majoritaire et la légitimité des attentes, la direction n’a jamais accepté de garantir aux salariés des rémunérations plus décentes, ni des embauches inconditionnelles sur les 2 postes de soins créés en juin mais non pourvus ou pour des postes supplémentaires au restaurant, ni pour une prime de compensation pour des centaines d’heures de pauses non prises, travaillées ou dérangées. Sur le besoin de confiance et de sérénité du personnel en gréve, les problémes graves de management que salarié-e-s et représentant-e-s rapportent et dénoncent depuis au moins 2 mois, et alors que la notion de « harcèlement » a été abordé plusieurs fois, c’est en terme de « ressenti exprimé sur la communication de la direction » que le problème nous a été présenté dans le protocole d’accord.
Dans ce contexte, la direction de l’entreprise a donc préféré la fermeté voir l’entêtement, laissant sa clientèle et les non grévistes dans la situation qu’ils ont connu, plutôt que de satisfaire aux demandes des grévistes qui n’avaient pourtant rien d’excessives.
Car, nous n’en démordrons pas : 1100 ou même 1300 euros ce n’est un salaire pour un personnel d’EHPAD à temps plein, avec des journées de travail de 8h à 20h.
Comment une entreprise aussi prospère que Korian peut proposer à des salarié-e-s titulaires un salaire inférieur à celui de certain-e-s vacataires sur le même poste ?
Oui, les attentes du personnel sont légitimes, humaines, normales et saines. Il ne devrait même pas y avoir à réclamer là dessus, encore moins à mener plusieurs jours de gréve. Ces problémes ne devraient pas exister dans une entreprise où croissance et bénéfices ne cessent d’augmenter dans des proportions aussi fulgurantes.
La direction devrait récompenser l’effort et l’engagement de tout son personnel, et respecter le courage qui pousse à dire les choses en face dans l’intérêt de tous. L’argent ne devrait pas être plus tabou quand il s’agit de le redistribuer que lorsqu »il est question de recettes.
Quant à saisir le salaire des heures de gréve, quelque soit la partialité du prétexte, c’est pour toutes et tous les grévistes un signe de plus qu’elles et ils ne sont clairement pas compris ou qu’elles et ils valent moins que ce qu’on leur retire.
Bonnes conditions de travail et bonnes conditions de séjour ne peuvent être dissociées. Du côté des familles d’ici comme pour les salariés d’ailleurs, la majorité des retours qui nous sont adressés approuvent nos revendications et témoignent du choc considérant le décalage énorme entre frais de séjour/profits et salaires.
Comme en Ile de France, dans l’Indre et Loire et dans bien d’autres départements où se trouvent des établissements du groupe, la solidarité aux grévistes n’a donc pas tardé à se manifester et l’appel à la solidarité financière est aussi bien suivie, bien mieux que ne l’a été l’appel à la générosité et à l’humanité de l’entreprise. Un suivi d’autant plus concerné que les solutions attendues, nous dit on, ne peuvent se prendre au niveau du seul établissement du Champ de Mars, ce serait « prétentieux » pour ses salarié-e-s que de prétendre là-bas à l’exclusivité des difficultés et des besoins.
Mais notre refus de signer, n’empêchera pas l’entreprise de dors et dejà respecter ses propositions qui n’auraient d’ailleurs jamais dû attendre une gréve pour arriver.
Notre refus de signer tient au fait que les revendications initiales justifiées et longuement argumentées lors de la gréve ne peuvent se balayer comme ça, que la reconnaissance et la détermination des salarié-e-s ne se bradent pas et que nous continuons d’exiger les solutions legitimes attendues par les salarié-e-s.
Il ne peut y avoir de sortie de crise sans qu’il y ait de solution à la plupart des raisons de la crise.